L’album Kind of blue fête ses 60 ans
L’oeuvre de Miles Davis est la plus vendue du jazz
L’album Kind of Blue de Miles Davis, devenu un best-seller, fête ses soixante ans samedi, trois semaines avant la publication le 6 septembre chez Warner de Rubberband, un album inachevé des années funk-soul du célèbre trompettiste.
Le 17 août 1959, Miles Davis publie
Kind Of Blue. Ce disque, où il développe les bases du jazz modal théorisées quelques années plus tôt par le compositeur George Russell, une révolution dans le contexte be-bop de l’époque, « s’impose d’emblée comme un classique » selon Franck Bergerot, journaliste à JazzMagazine.
Soixante ans après sa parution, il est le disque le plus vendu de l’histoire du jazz, et son importance dépasse largement les frontières de ce registre musical.
« Ce disque est un chef-d’oeuvre incontesté qui se hisse au niveau des cantates de Bach, des concertos de Mozart ou des symphonies de Beethoven », s’enthousiasme Vincent Bessières, commissaire de l’exposition We want Miles à Paris en 2009 et fondateur de l’étiquette Jazz&People.
Selon lui, « rien n’a vieilli dans cette musique, et son influence reste
considérable ».
« Cet album fait figure de transition entre le hard bop chargé harmoniquement et une période modale laissant des plages harmoniques plus larges qui, selon Miles, sont plus propices à la créativité dans l’improvisation », confirme le trompettiste
français Nicolas Folmer.
« LA JOCONDE »
Pour Franck Bergerot, auteur de deux livres sur Miles Davis, « Kind of Blue, c’est La Joconde ».
« Le disque, d’un modernisme étrange, a un pouvoir d’attraction très spécial. Comme dans le sourire de La Joconde, pour lequel on fait la queue au Louvre, il y a dans ce disque quelque chose de mystérieux, qui tient à la trompette de Miles, à sa direction d’orchestre, mais aussi à ce qu’il a pu tirer de Bill Evans », explique le spécialiste.
Pianiste de génie, Bill Evans, avec la modernité de son jeu, a joué un rôle prépondérant sur Kind of Blue, où les saxophonistes Cannonball Adderley et John Coltrane font aussi étalage de leur classe, tandis que Miles Davis développe son art de la gestion de l’espace.