Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

L’art de ne pas calmer les angoisses d’une enfant

Aujourd’hui vous publiez la lettre d’une mère qui s’inquiète des angoisses de sa fille de 15 ans. En gros, Madame se retrouve seule, maintenant que son mari l’a quittée. Il vit à Paris avec une nouvelle conjointe depuis deux ans, et les enfants qu’ils ont eus ensemble rendent visite à leur père dans la Ville Lumière aux vacances d’hiver et d’été.

Tout allait bien depuis la séparation malgré une « légère » amertume de la mère, semble-t-il, jusqu’à récemment. La nouvelle conjointe du père va bientôt donner naissance à une demi-soeur. La fille de 15 ans et son frère de 12 semblaient se réjouir de cette nouveauté dans leur vie, mais depuis quelque temps, l’adolescent­e fait des crises d’angoisse au moment de se coucher. Elle a l’impression que quelqu’un pénètre dans la maison et se cache dans le placard de sa chambre pour l’assaillir le moment venu. La mère vient au secours de sa fille, prodigue des conseils, la rassure, lui offre de l’eau, la borde et finit par la laisser seule quand elle se rendort.

La mère se demande s’il n’y aurait pas un lien entre le monstre qui menace sa fille et l’annonce de la venue d’une demi-soeur qu’elle verra à Paris en juillet prochain. Chère mère qui voulez tant le bien de votre fille, je me pose aussi des questions, mais pas les mêmes que vous. Se pourrait-il que vous espériez secrètemen­t dans un avenir rapproché vous servir de ces crises d’angoisse pour blâmer votre conjoint de vous avoir abandonnée ?

Se pourrait-il que votre grandeur d’âme à venir en aide outre mesure à une ado de 15 ans, pas une fillette de 7 ans, en lui offrant de l’eau, en la bordant, en lui disant des « Ma chérie, n’aie pas peur, maman va te protéger des monstres » vous cultiviez là un jardin pour qu’il donne les fruits attendus : un peu de rage, un peu de culpabilis­ation envers monsieur qui a l’audace de se rendre heureux, sans vous semblet-il, culpabilis­ation qui sera bien utile quand la demi-soeur viendra au monde ?

Cela vous sera utile pour gâcher la fête de gens qui osent être heureux sans vous demander la permission. Vous savez très bien qu’en donnant une importance démesurée aux rêveries éveillées de votre adolescent­e bientôt femme, vous aidez à les perpétuer, vous les nourrissez et vous espérez même que ces angoisses s’amplifient dans les prochaines semaines.

Quand vous aurez rendu votre fille malheureus­e comme vous, serez-vous satisfaite de votre oeuvre ? Et si votre fille réalisait tout à coup qu’étonnammen­t, elle se sent mieux chez sa belle-mère et qu’elle demande à poursuivre sa vie à Paris, auriez-vous gagné quelque chose ? Le boomerang prendra-t-il une direction inattendue ? J’émets un doute sur vos si bonnes intentions de mère. Sachez madame que comme la colère, l’amertume est mauvaise conseillèr­e ! Bonne réflexion

Je n’ai pas décelé dans cette lettre l’ampleur du drame que vous décrivez, puisque la femme disait s’être séparée de son ex il y a trois ans, dans une certaine harmonie, et que l’entente sur les visites des enfants à leur père, elle semble ne jamais les avoir contestées. Mais comme je ne détiens pas le monopole de la vérité et qu’il se peut que j’aie raté la cible dans ma réponse, je publie votre évaluation personnell­e de son cas. Peut-être cette personne y trouvera-t-elle matière à réflexion.

Quoi penser de ma belle-fille ?

Mon fils a fini par accepter que son bébé de trois mois aille en garderie parce que ma belle-fille est déjà retournée au travail. Il semblerait que la raison invoquée soit qu’elle ne veut surtout pas risquer de perdre son emploi. Je trouve ça sans allure. Pas vous ? Belle-maman indignée

Je serais à votre place que je m’abstiendra­is d’intervenir. Il s’agit de leur enfant et ça relève de leur responsabi­lité de parents de prendre toutes les décisions le concernant.

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