Sans tambour ni trompette
William Leclerc fabrique des batteries pour les grandes scènes musicales d’ici et d’ailleurs dans le monde
William Leclerc savait qu’il serait entrepreneur un jour. Ses études en génie mécanique lui avaient fait réaliser qu’il pouvait très bien marier ses deux passions : le travail manuel et la musique.
Batteur à ses heures, il avait décidé de se lancer dans la fabrication de batteries. Mais avant de fonder Ebenor Percussion, il a choisi d’aller travailler pour un fabricant d’instruments de musique pour parfaire ses connaissances. Il y a beaucoup appris, mais pas forcément ce qu’il pensait.
« Avec le recul, cette expérience m’a aidé à comprendre le marché plus que la fabrication, explique William Leclerc. Il n’était pas question pour moi de faire de la production de masse. Mon but est de fabriquer des batteries haut de gamme sur mesure et d’aider le batteur à trouver l’identité sonore qu’il veut. Il y avait une lacune dans le marché que j’ai voulu combler. »
LOIN DE SON MARCHÉ
En 2014, âgé d’à peine 21 ans, il fonde Ebenor Percussion et installe son atelier de fabrication dans les environs de Lac-Mégantic, sa région natale. Un choix qui peut paraître audacieux (ou suicidaire, selon les points de vue) de s’établir à distance des principales scènes musicales de Montréal et de Québec.
Finalement, sa position géographique, loin d’être un obstacle, s’est révélée un atout indéniable.
« Non seulement les espaces commerciaux sont plus abordables, mais j’ai aussi un accès direct à ma matière première, le bois, pour créer mes instruments. Il y a aussi dans la région une masse critique d’artisans avec qui je peux faire affaire à l’occasion. Et ils n’hésitent pas à transmettre leur savoir-faire, ce qui me permet d’accélérer l’innovation », explique-t-il.
Pour ses batteries, William n’utilise que des bois nord-américains comme le cerisier, l’érable, le frêne et le noyer noir.
« Chaque essence procure une sonorité différente. Ce sont aussi des bois qui sont habitués aux changements de température. Le fait de m’approvisionner localement rejoint également mes préoccupations environnementales. »
Ebenor Percussion dessert une clientèle composée de musiciens professionnels de même que d’amateurs.
Pour maintenir le contact, il se sert des médias sociaux et, une fois par mois, il tient une boutique éphémère à Montréal où les batteurs peuvent venir essayer ses batteries ou prendre livraison de leur instrument. Il participe également à des événements liés à la musique pour se faire connaître.
LES CONSEILS DE NATHALIE BONDIL
Ses batteries se retrouvent aujourd’hui sur les grandes scènes musicales. Vincent Carré, batteur de Coeur de pirate et d’Alex Nevsky, Olivier Savoie-Campeau, qui accompagne Marie-Mai, et Gilbert Fradette, de l’émission La Voix, jouent sur un instrument signé Ebenor.
« Les batteurs veulent acheter une batterie aux caractéristiques précises qui leur permettra de se distinguer », explique-t-il.
Après cinq ans en affaires, William Leclerc dit avoir atteint plusieurs de ses objectifs.
L’automne dernier, il a dû agrandir son atelier où travaillent maintenant avec lui deux autres personnes.
De plus en plus reconnu au Québec, il se prépare à développer le marché de Toronto et vise l’international à moyen terme.
William Leclerc a fait partie de la deuxième cohorte de Adopte inc., un organisme qui parraine de jeunes entrepreneurs, où il a eu la chance d’être « adopté » par Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des
beaux-arts de Montréal. Ses conseils ont fait une différence dans l’expérience client offerte par Ebenor.
« Elle m’a aidé à apporter de la cohérence dans mon offre de services et dans le développement de mes produits. De plus, elle m’a aidé dans l’élaboration des boutiques-ateliers que j’organise tous les mois à Montréal pour rencontrer les batteurs et leur faire essayer mes batteries. Ses idées artistiques ont été très inspirantes. »