Le Journal de Montreal

Des peines plus sévères pour la violence conjugale

Un Montréalai­s a récemment écopé de 15 ans de prison pour avoir tenté de tuer son ex

- MICHAËL NGUYEN

Les tribunaux imposent désormais des sentences plus sévères dans les cas de violence conjugale extrême, comme l’illustre la lourde peine de 15 ans de prison dont a écopé un sexagénair­e montréalai­s pour avoir tenté de tuer son ancienne conjointe.

« C’est encouragea­nt que [les juges] prennent la mesure de la gravité de ces crimes. La tendance commence à changer », explique Louise Riendeau, coordonnat­rice du Regroupeme­nt des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Il y a quelques semaines, un juge a fait ce constat quand il a condamné un sexagénair­e montréalai­s à 15 ans d’incarcérat­ion pour tentative de meurtre sur son ex-épouse, à coups de pied de biche et de couteau, parce qu’il ne digérait pas la rupture.

« Il s’est introduit avec violence en pleine nuit dans son ancienne résidence, a menacé de tuer madame et son fils, et s’est appliqué avec une force barbare à tenter de tuer cette dernière », avait déploré le juge Pierre Labelle, en rappelant que sans l’interventi­on

HAUSSE MARQUÉE

du fils, la femme serait morte.

Même si l’ex-mari n’avait pas d’antécédent­s avant la rupture, le magistrat n’a pas hésité à imposer une lourde peine de détention. Et ce, même si la défense plaidait qu’elle était supérieure à celle imposée à certains meurtriers.

« Il apparaît […] que les peines sont plus sévères dans les dernières années, a noté le juge après une revue des condamnati­ons pour ce type de crimes. Cette criminalit­é insidieuse et violente demande qu’elle soit dénoncée de façon forte par les tribunaux. »

En novembre dernier, la Cour d’appel confirmait d’ailleurs la peine de 15 ans de pénitencie­r, infligée à un trentenair­e pour des infraction­s similaires.

Dans cette affaire, la victime avait elle aussi été sauvée par son fils, qui avait réussi à composer le 911 avant que son père ne jette le téléphone à terre. Cela avait permis aux autorités de réaliser qu’une femme était en détresse et d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

En entrevue avec Le Journal, Mme Riendeau rappelle que le fait de s’en prendre à sa conjointe est considéré comme un facteur aggravant et que la hausse des peines ne peut qu’être bénéfique pour les victimes.

« Ça envoie le message qu’elles peuvent faire davantage confiance au système », dit la coordonnat­rice, en rappelant l’importance de les protéger.

« Ce que les victimes veulent, c’est qu’on les croie, ajoute-t-elle. Il faut faire diminuer la violence conjugale, tout en soutenant les victimes et en les aidant. Il faut continuer. »

FAIRE PARTIE DE LA SOLUTION

Il ne semble pas exister de chiffres à ce sujet, mais Mme Riendeau espère que la tendance sera également observée pour des crimes conjugaux moins extrêmes.

« Le système judiciaire fait partie de la situation, il faut continuer », dit-elle.

Même si les tribunaux rappellent souvent que « les conjoints ont le droit de mettre fin à une relation sans craindre pour leur sécurité ou leur paix d’esprit », éradiquer ces crimes n’est pas chose facile.

« Ce n’est certes pas la première fois qu’un tribunal se penche sur la question […] et il est illusoire de penser que ce sera la dernière », avait d’ailleurs conclu le juge Labelle.

« CE QUE LES VICTIMES VEULENT, C’EST QU’ON LES CROIE. IL FAUT FAIRE DIMINUER LA VIOLENCE CONJUGALE, TOUT EN SOUTENANT LES VICTIMES ET EN LES AIDANT. IL FAUT CONTINUER. » – Louise Riendeau

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Louise Riendeau, coordonnat­rice du Regroupeme­nt des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, photograph­iée devant ses bureaux, trouve encouragea­nt que les tribunaux imposent des sentences plus sévères dans les dossiers les plus extrêmes.

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