Les services n’ont pas suivi les besoins
Alors que les campagnes d’éducation ont fait grand bruit dans les dernières années pour encourager les gens à consulter pour des problèmes de santé mentale, les services ne sont pas au rendez-vous, déplorent plusieurs.
« C’est un grand paradoxe. Dans les dernières années, on a fait des campagnes incroyables en disant : “Allez consulter !” En revanche, dans le système on a fait des coupes importantes », dénonce Réal
Labelle, psychologue à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
PARENT PAUVRE VIRAGE AU PRIVÉ
« La santé mentale, c’est le parent pauvre du système de la santé, ajoute le Dr Sébastien Collette, chef intérimaire du service d’urgence de l’hôpital Rivière-des-Prairies, à Montréal. C’est certain que c’est sous-financé et c’est clair que ce serait souhaitable que les gens aient accès aux services. »
Actuellement, les délais pour obtenir du soutien psychologique auprès des enfants qui ont des idées suicidaires sont trop longs et atteignent parfois des mois, déplorent des médecins.
À Rivière-des-Prairies, certains jeunes en attente de service reviennent parfois même à l’urgence, en crise, avant d’avoir eu de l’aide.
« Pour les cas urgents, en général on est capables de les obtenir facilement [les services]. Mais quand c’est moins aigu, qu’ils ont besoin du CLSC, ils se retrouvent alors sur des listes d’attente. Et ils ont le temps de se détériorer », dit-il.
Pourtant, M. Labelle compare les risques liés au suicide à la cardiologie.
« Les minutes comptent. […]. S’il y a une liste d’attente de trois mois au CLSC, ça ne marche pas », dit-il.
Par ailleurs, la qualité des services s’est beaucoup détériorée dans le public au profit du privé, note M. Labelle.
« Depuis cinq ans, on déborde beaucoup en bureau privé pour des cas de plus en plus lourds, parce que le système public ne les prend plus. Il n’y a plus de ressources. C’est triste. »