Vers un pouvoir civil après un accord historique
Militaires et contestation s’entendent au Soudan
KHARTOUM | (AFP) Les militaires au pouvoir et les meneurs de la contestation ont signé hier un accord historique qui ouvre la voie à un transfert du pouvoir aux civils au Soudan, où la population espère désormais davantage de liberté et une vie meilleure.
Si le chemin vers la démocratie risque encore d’être long, la signature de l’accord, conclu à la faveur d’une médiation de l’Éthiopie et de l’Union africaine, a donné lieu à des célébrations dans la capitale, où ont afflué par milliers les habitants de Khartoum, mais aussi ceux d’autres villes du pays.
« C’est la plus grande célébration que j’ai jamais vue dans mon pays. Nous avons un nouveau Soudan », s’est réjoui Saba Mohammed, une femme de 37 ans, qui agitait un petit drapeau du Soudan.
39 MOIS DE TRANSITION
L’accord a été signé par Mohammed Hamdan Daglo, N° 2 du Conseil militaire, aux commandes du pays depuis la destitution du président Omar el-Béchir en avril, et Ahmed Al-Rabie, représentant de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, en présence de chefs d’États, de premiers ministres et d’autres dignitaires étrangers.
La signature des documents définissant les 39 mois de transition à venir a eu lieu lors d’une cérémonie dans une salle de conférence de Khartoum. Elle a été accueillie par des applaudissements nourris.
La composition du Conseil souverain, doté de 11 membres (six civils et cinq militaires) et chargé de mener la transition, doit être annoncée aujourd’hui, et celle du gouvernement, le 28 août.
DOUTES PERSISTANTS
Mais beaucoup de Soudanais et d’observateurs doutent encore de la capacité des institutions de transition à limiter le pouvoir de l’élite des militaires.
Si ceux-ci sont minoritaires au sein du Conseil souverain, ce dernier sera d’abord dirigé par un général pendant 21 mois.
Lorsqu’il est sorti de la salle de conférence après la signature de l’accord, le général Mohammed Hamdan Daglo a été accueilli par une foule hostile.
Des membres des forces paramilitaires qu’il dirige l’ont vite fait entrer dans sa voiture, alors que la foule autour de lui criait : « Sang pour sang ! »
Les forces du N° 2 du Conseil militaire sont accusées d’avoir dispersé dans le sang le 3 juin un sit-in de manifestants. Selon des médecins proches du mouvement de contestation, 127 personnes avaient été tuées ce jour-là.