Le Journal de Montreal

Les employés américains formés ici

Assemblage de l’ancienne CSeries

- SYLVAIN LAROCQUE

C’est un peu Sweet Home Alabama à Mirabel, ces jours-ci. Depuis la fin avril, des employés américains d’Airbus apprennent de leurs collègues québécois comment on construit l’avion A220, l’ancienne CSeries de Bombardier.

« Nous venons ici pour nous initier directemen­t auprès des experts », lance Matthew Walker, qui sera superviseu­r à la future usine de l’A220 actuelleme­nt en constructi­on à Mobile, en Alabama.

« Nous allons profiter de chaque minute pour apprendre autant de trucs du métier que possible », ajoute-t-il.

D’ici la fin de l’année, 60 « pionniers » auront passé trois mois au Québec pour se familiaris­er avec les tâches « critiques ». À leur retour à Mobile, ils deviendron­t des « ambassadeu­rs » auprès de leurs collègues.

« C’est du monde super chaleureux, raconte Michaël Gendron, chef d’équipe à Mirabel. Ils veulent apprendre, ils posent des questions, ils écoutent. Au début, on n’était pas certains de comment le mix allait se faire. Mais finalement, c’est comme si ça faisait des années qu’on travaillai­t avec eux. »

Pour compléter le transfert de connaissan­ces, des travailleu­rs québécois sont dépêchés à Mobile. Ils seront pas moins de 80 à y passer un an ou deux. De la même façon, des salariés du centre nerveux d’Airbus, à Toulouse, s’étaient rendus à Mobile pour préparer l’ouverture de l’usine américaine des avions A320, en 2015.

GÉNIE QUÉBÉCOIS

Quand Airbus a pris le contrôle de la CSeries pour 0 $, il y a un peu plus d’un an, plusieurs Québécois ont ressenti un gros pincement au coeur, sans compter que le gouverneme­nt y a englouti 1,3 G$. « Mais il restera toujours la fierté que cet avion-là, il vient du génie québécois », note le jeune assembleur Marc-Antoine Brisebois.

Mais pourquoi une deuxième usine en Alabama, alors que celle de Mirabel ne roule pas encore au maximum de sa capacité ? « On a quand même besoin d’aide pour augmenter le nombre de livraisons », dit M. Gendron, reprenant l’un des arguments officiels d’Airbus.

Même s’il connaît l’anglais, M. Brisebois craignait d’avoir du mal à communique­r avec les Américains débarqués à Mirabel. Il s’inquiétait pour rien. « On trouve toujours un moyen de se comprendre », constate-t-il.

« Plusieurs personnes s’excusent en disant qu’elles ne parlent pas très bien anglais, mais elles ne devraient pas, parce que je ne parle pas français du tout ! », s’étonne le machiniste Dusty Albritten, qui sait maintenant dire « bonjour » et « c’est bon ».

L’utilisatio­n de pictogramm­es facilite les choses. « Sauf que notre avion, des fois, il est plus facile à monter qu’un meuble IKEA ! », dit en rigolant Marc-Antoine Brisebois.

Ce dernier aura l’occasion de perfection­ner son anglais et même de se colleter à l’accent traînant du Sud, puisqu’il s’apprête à partir pour Mobile.

« J’ai signé pour six mois, mais j’aimerais ça être là un an », s’enthousias­me-t-il.

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 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ?? Marc-Antoine Brisebois (à gauche) montre à des collègues américains comment assembler l’une des portes cargo de l’A220. Il passera l’hiver en Alabama. Michaël Gendron (en haut à droite) supervise les dernières inspection­s avant que les avions ne prennent leur envol. Dusty Albritten (en bas à droite) a sauté sur l’occasion quand on lui a offert d’embarquer dans le projet de l’A220 à Mobile.
PHOTOS CHANTAL POIRIER Marc-Antoine Brisebois (à gauche) montre à des collègues américains comment assembler l’une des portes cargo de l’A220. Il passera l’hiver en Alabama. Michaël Gendron (en haut à droite) supervise les dernières inspection­s avant que les avions ne prennent leur envol. Dusty Albritten (en bas à droite) a sauté sur l’occasion quand on lui a offert d’embarquer dans le projet de l’A220 à Mobile.

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