Le Journal de Montreal

Rien ne va plus au service 311

Seulement 16 % des appels ont été traités à temps ce printemps alors que l’objectif est de 80 %

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Le système téléphoniq­ue de la Ville de Montréal, le service au 311, se dégrade à vitesse « grand V » depuis un an. Ce printemps, seuls 16 % des appels ont été traités dans les temps, ce qui « met en péril la qualité du service », révèle un document obtenu par notre Bureau d’enquête.

« LA PERFORMANC­E DU SERVICE TÉLÉPHONIQ­UE À MONTRÉAL N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI FAIBLE. » – Extrait du document obtenu par notre Bureau d’enquête

L’an dernier, la Ville commençait à rapatrier les employés affectés à répondre au téléphone de quelques arrondisse­ments vers son centre de services du 311.

Selon l’administra­tion municipale, cette centralisa­tion devait permettre de réduire les coûts et de « réaliser des gains en efficacité ». Mais depuis, c’est la débandade.

« Depuis la centralisa­tion, le centre de services 311 et les arrondisse­ments peinent à respecter les normes de services établies, expose une fiche technique de la Ville datée du 14 août. La centralisa­tion met en péril la qualité du service. »

« La performanc­e du service téléphoniq­ue à Montréal n’a jamais été aussi faible », ajoute-t-on.

DES CITOYENS RACCROCHEN­T

Le taux de citoyens qui obtiennent une réponse à leur question, à leur demande de service ou à leur plainte en moins de 100 secondes est passé de 52 % en 2017, à 44 % avant la centralisa­tion, puis à 16 % ce printemps. L’objectif de la Ville est de répondre à 80 % des appels dans ce délai.

Résultat : un citoyen sur trois (36 %) abandonne avant d’avoir la ligne et de plus en plus de résidents mécontents se présentent à leur bureau Accès Montréal de quartier.

Selon nos sources, le service central ferait face à des problèmes de gestion, mais aussi de rétention de personnel, ce qui expliquera­it en partie ces résultats désastreux.

De plus, le système de reconnaiss­ance vocale qui permet de diriger les citoyens vers un agent de leur arrondisse­ment « manque d’efficacité ». Depuis le début de l’année, plus de 20 % des appels ne sont pas triés, fait état le document municipal.

Les préposés doivent donc souvent répondre à des questions qui ne concernent pas leur secteur, ce qui leur demande plus de recherche et « contribue donc aussi aux délais d’attente ».

RETOUR EN ARRIÈRE ?

« Les bénéfices d’une centralisa­tion ne sont pas là. Tout ce qu’on a ce sont les inconvénie­nts. On était un arrondisse­ment modèle et on se ramasse avec les cancres », confie un employé de la Ville à notre Bureau d’enquête.

Selon nos informatio­ns, certains arrondisse­ments qui ont centralisé leur service (voir

ci-contre) doutent désormais de leur choix. Et ceux qui n’ont pas encore rejoint le centre du 311 sont réticents à le faire, à cause des nombreux ratés.

Le document que nous avons obtenu ouvre d’ailleurs la porte à un retour en arrière.

« Pourquoi investir centraleme­nt alors que les besoins sont locaux ? » se questionne-t-on.

Via sa porte-parole, Geneviève Jutras, l’administra­tion de Valérie Plante se dit « préoccupée par la performanc­e du 311 ». Mais contrairem­ent aux fonctionna­ires, l’équipe de la mairesse croit que la baisse de performanc­e « ne peut être associée à la centralisa­tion » et pointe du doigt la hausse du nombre d’appels, de 11 % par rapport à l’année dernière.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le service téléphoniq­ue 311 permet aux citoyens d’obtenir de l’informatio­n sur la Ville de Montréal, dont on voit l’hôtel de ville en arrière-plan, de déposer une requête pour certains services municipaux ou de déposer une plainte.

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