Le Journal de Montreal

L’éducation aux violences sexuelles à l’agenda

Cégeps et université­s offriront une formation obligatoir­e aux étudiants et aux employés

- DAPHNÉE DION-VIENS

QUÉBEC | Les étudiants et employés de tous les cégeps et université­s de la province devront, pour la première fois, suivre une formation obligatoir­e sur les violences sexuelles.

Selon la nouvelle loi qui vise à prévenir les violences sexuelles sur les campus québécois, tous les établissem­ents doivent mettre en place dès cette année des « activités de formation obligatoir­es » pour tous.

Dans le réseau collégial, la rentrée se déroule lundi ou au cours des prochains jours (voir autre texte).

Plusieurs cégeps et université­s ont prévu offrir cette formation cet automne. La majorité a opté pour une activité en ligne, dont la durée est d’environ 45 minutes, développée par l’Université Concordia.

La Fédération des cégeps est d’ailleurs en discussion avec l’établissem­ent afin d’en arriver à une entente qui permettra à tous les collèges qui le souhaitent d’utiliser ce contenu et de l’adapter selon leur réalité.

Les moyens mis en place pour s’assurer que cette formation soit bel et bien suivie varient toutefois d’un établissem­ent à l’autre, a constaté Le Journal.

À GÉOMÉTRIE VARIABLE

À l’Université Concordia et au cégep de Sainte-Foy, les étudiants devront l’avoir complétée avant de pouvoir faire leur choix de cours pour la session suivante.

Au cégep Limoilou, à Québec, les étudiants devront prendre connaissan­ce de la politique de l’établissem­ent sur les violences sexuelles avant de pouvoir récupérer leur horaire en ligne. Ils devront par la suite compléter un jeu-questionna­ire interactif sur le sujet.

La majorité des établissem­ents contactés par Le Journal ont toutefois préféré miser sur une approche incitative plutôt que coercitive, tant dans le réseau collégial qu’universita­ire.

À l’Université de Montréal, un « mécanisme de suivi » permettra d’identifier quels étudiants ou employés n’auront pas complété la formation en ligne afin de faire des relances par courriel, mais aucune sanction n’est prévue pour l’instant, explique Isabelle Chagnon, directrice du Bureau d’interventi­on en matière de harcèlemen­t. Des mesures semblables sont prévues à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

FORMATION EN CLASSE

Du côté de l’Université Laval, qui a développé son propre contenu, la formation sera inscrite dans les tâches à réaliser dans tous les plans de cours.

Les étudiants auront même droit à une période de 45 minutes en classe, dans leurs cours obligatoir­es, pour la compléter en ligne, indique la porte-parole, Andrée-Anne Stewart.

L’établissem­ent fait le pari qu’en misant sur la « promotion » plutôt que la « coercition », l’attitude des étudiants envers cette formation sera plus positive et qu’ils seront ainsi plus « attentifs au contenu », explique Mme Stewart.

Le son de cloche est semblable du côté de la Fédération des cégeps, qui rappelle que la sensibilis­ation est plus efficace lorsqu’elle prend diverses formes.

« Ce serait trop facile de dire “on fait une politique, on rend des vidéos disponible­s et la job est faite”. Si on veut une sensibilis­ation qui pénètre en profondeur, il faut avoir différents moyens d’interventi­on », affirme son président-directeur général, Bernard Tremblay.

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PHOTO DAPHNÉE DION-VIENS La rentrée est prévue mercredi au cégep Limoilou à Québec, où l’étudiante en sciences humaines Rosalie Deschênes était de passage la semaine dernière pour faire ses achats, à quelques jours du début des classes.

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