Un été laborieux pour la circulation
Des citoyens pointent du doigt le manque de coordination des travaux de la Ville de Montréal
Travaux en retard, à peine annoncés et finalement, mal coordonnés... Force est de constater que les étés montréalais se suivent et se ressemblent. Cette année encore, les usagers de la route ont eu l’impression que la gestion de plusieurs chantiers a été bâclée par la Ville.
À lire les commentaires sur les réseaux sociaux, l’été 2019 semble avoir été l’un des plus difficiles en matière de déplacements et de chantiers. Les citoyens, particulièrement dans les arrondissements où la densité est plus grande, sont frustrés, constate aussi l’experte en gestion municipale Danielle Pilette.
Le chantier de la rue Saint-Urbain, un axe nord-sud hautement achalandé tant par les touristes que par les résidents, est l’une des rues ayant le plus exaspéré les gens dans les dernières semaines. Deux voies et une piste cyclable sont normalement accessibles sur cette artère entre le boulevard Saint-Joseph et la rue Sherbrooke. Mais depuis la mi-juillet, Hydro-Québec y effectue des travaux pour l’installation d’une nouvelle ligne souterraine.
Avec ce chantier, les cyclistes et les automobilistes doivent partager une seule voie la plupart du temps.
Il a fallu une publication dans le groupe Facebook « Dans le trafic » pour qu’une élue de la Ville prenne connaissance du dossier et s’en charge. Pour l’instant, on a répondu qu’« une voie de détour cycliste sera aménagée » dans les prochains jours, sans donner plus de précisions. La Ville n’a pas voulu répondre à mes autres questions dans ce dossier.
DES OUTILS « DÉSUETS »
Le responsable des infrastructures au comité exécutif de Montréal, Sylvain Ouellet, sait qu’il y a un décalage entre ce qui se passe sur le terrain et ce qui a été planifié.
« Les outils informatiques, à la Ville, il y en a énormément qui sont désuets. On est en gros rattrapage », reconnaît M. Ouellet qui confirme que Montréal va bientôt se doter de nouveaux outils pour gérer la grande quantité de chantiers.
Par exemple, un entrepreneur pourrait indiquer en temps réel quand il commence les travaux, quand il les termine et quand il enlève les entraves à la circulation.
L’expert en génie du transport Nicolas Saunier note en effet qu’il y a « une information qui est souvent basée sur des demandes de permis [...], mais le problème, c’est la réalité du terrain parce qu’elle ne respecte pas toujours ces demandes ».
INTERDICTION EN TOUT TEMPS
« On a tendance à interdire la circulation sur certaines voies pendant tout le temps que le chantier n’est pas complété, alors qu’on pourrait y aller par étape et permettre à nouveau la circulation entre les étapes », ajoute Mme Pilette.
M. Ouellet peut comprendre le découragement des résidents, mais il rappelle qu’il y a eu un sous-investissement pour les infrastructures dans le passé qui nécessite un rattrapage important.
En plus, la coordination est compliquée puisque seulement 25 % des chantiers à Montréal sont effectués par la Ville ; les autres sont réalisés par le ministère des Transports ou Hydro-Québec, par exemple.