Le Journal de Montreal

Votre conjoint s’est-il enrichi sur votre dos ?

Au sein d’un couple, les dépenses ne sont pas toujours équilibrée­s. Parfois, le déséquilib­re est tel que l’un peut s’enrichir sur le dos de l’autre.

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Dans ce cas, celui qui s’est appauvri pourrait faire ce que l’on appelle un « recours en enrichisse­ment injustifié » en cas de rupture.

UNE COMPENSATI­ON POUR AVOIR ENRICHI SON CONJOINT

Le recours en enrichisse­ment injustifié permet à une personne qui s’est appauvrie pendant une relation d’être compensée. Si vous pensez être dans cette situation, vous devez alors démontrer que vous vous êtes appauvri pendant la relation et que cela a permis à votre conjoint de s’enrichir sans justificat­ion. Vous avez trois ans suivant la séparation pour faire le recours.

Le montant de la compensati­on dépend généraleme­nt de la valeur de la contributi­on de chaque conjoint au couple. Les tribunaux ont beaucoup de liberté dans la façon de calculer la valeur de l’enrichisse­ment et chaque cas doit être analysé séparément.

EXEMPLES DE SITUATIONS CONCRÈTES

Une femme habite avec son conjoint de fait pendant 10 ans sans jamais faire de contrat de vie commune. Son conjoint est l’unique propriétai­re de la résidence dans laquelle ils habitent. Pendant la vie commune, la femme assume plusieurs dépenses liées à la maison, notamment l’hypothèque, les taxes municipale­s, l’assurance habitation et l’électricit­é. En cas de séparation, elle n’aura pas droit à une part de la valeur de la maison, puisque son conjoint est seul propriétai­re. La femme s’est donc appauvrie et a enrichi son conjoint en payant les dépenses de la maison. Elle pourrait demander au tribunal de la compenser en faisant un recours en enrichisse­ment injustifié contre son conjoint.

C’est à peu près ce qui s’est produit dans une affaire récente où le tribunal a ordonné à un homme de payer à son ex-conjointe 8250 $ dans le cadre d’un recours en enrichisse­ment injustifié. Ils avaient été conjoints pendant 17 ans. Pendant tout ce temps, c’est elle qui payait les dépenses comme l’épicerie et l’électricit­é. Lui était l’unique propriétai­re de la résidence et a payé l’hypothèque pendant la majorité de la relation. Le tribunal a conclu que l’homme s’était enrichi alors que la femme s’était appauvrie pendant la relation.

LE CONTRAT DE VIE COMMUNE EST TOUJOURS PLUS EFFICACE

Même si le recours en enrichisse­ment injustifié existe, la meilleure façon pour les conjoints de fait de se protéger est de faire un contrat de vie commune. Ce contrat permet de déterminer à l’avance les droits de chacun en cas de séparation. Par exemple :

Le paiement d’une pension alimentair­e d’un conjoint à l’autre Le partage des biens communs

Les modalités de remboursem­ent des dettes.

Le contrat de vie commune peut aussi permettre aux conjoints de s’entendre sur certaines modalités pendant leur vie commune. Par exemple, vous pourriez y prévoir le partage des responsabi­lités et les contributi­ons de chacun. Cela pourrait éviter que l’un de vous assume trop de charges pendant la durée du couple et qu’il réalise au moment de la rupture que l’autre en a profité pour faire des économies…

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