Le Journal de Montreal

La future digue déjà jugée trop haute à Sainte-Marthe

Des citoyens se disent prêts à payer de leur poche pour une digue rétractabl­e

- STÉPHANE SINCLAIR

BOISBRIAND | Les travaux de reconstruc­tion de la digue à Sainte Marthe-sur-le-Lac viennent à peine de débuter que des citoyens montent aux barricades contre une mesure qui leur cachera leur précieuse vue sur l’eau.

« On n’en a pas besoin ici. Il n’y a personne qui peut être inondé derrière chez moi. C’est impossible ! Je n’aurai plus de vue sur le lac », s’insurge Robert Mathers, un riverain de la petite municipali­té des Laurentide­s dont l’imposante demeure n’a pas été touchée par les inondation­s du printemps.

La seule idée de perdre sa vue sur le lac des Deux-Montagnes horripile cet homme d’affaires depuis qu’il a appris que la Ville allait rehausser de plusieurs pieds les murs de pierre qui protègent certains terrains, dont le sien, contre la crue des eaux.

Des travaux ont débuté lundi pour renforcer et rehausser la digue qui avait cédé. On va aussi réaménager les berges du lac entre la 1re et la 45e Avenue afin de faire face aux changement­s climatique­s pour les 100 prochaines années.

PRÊTS À PAYER

La Ville avait annoncé vouloir hausser la digue de 1,4 mètre et les murs de roches ou de béton déjà existants de plusieurs pieds, ce qui a soulevé l’ire de plusieurs citoyens lors du conseil municipal lundi soir.

M. Mathers est prêt à payer pour une digue rétractabl­e à installer peu avant la crue des eaux et qu’il pourra enlever ensuite pour conserver sa vue. Une technologi­e qui fonctionne en Europe, affirme-t-il.

« Ça me coûtera 200 000 $, je vais payer. Le gouverneme­nt n’a pas à payer pour moi. »

Ils sont plusieurs à dénoncer cette mesure prisée par la Ville alors que des résidents n’ont jamais été inondés et qu’il n’y a pas de risque que d’autres familles, localisées derrière eux, soient inondées.

Benoit Dumoulin, un entreprene­ur des Basses-Laurentide­s, aimerait lui aussi pouvoir rehausser lui-même son mur protecteur.

« Si on a l’obligation de se conformer, on va le faire, mais je peux payer moi-même pour protéger ma maison à ma façon et personne d’autre que moi n’est à risque », soutient-il.

Cela dit, ils comprennen­t que dans la majorité des cas, la digue est indispensa­ble.

L’ingénieur et hydrologue de l’Université de Montréal François Brissette croit que la municipali­té est très prudente en haussant la digue et les bords du lac de 1,4 mètre. Cependant, ils doutent que des murs rétractabl­es soient durables.

« Je n’ai pas étudié leur cas, mais ce sont des solutions d’urgence et non pas à long terme », avance-t-il.

OUVERTURE

En soirée hier, la mairesse s’est finalement dite ouverte à discuter avec les riverains d’une autre solution.

« S’il y a des cas particulie­rs, je veux bien les écouter et on verra ce qu’on peut faire », affirme Sonia Paulus.

La mairesse ajoute que rien n’est coulé dans le béton et que les travaux actuels sont sujets à changement­s.

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, STÉPHANE SINCLAIR ?? Robert Mathers, qu’on voit derrière sa résidence, dénonce que la prochaine digue pourrait monter jusqu’à la hauteur de ses lampadaire­s, lui cachant la vue sur l’eau. Il montre une digue rétractabl­e (en mortaise) qui serait selon lui une avenue intéressan­te.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, STÉPHANE SINCLAIR Robert Mathers, qu’on voit derrière sa résidence, dénonce que la prochaine digue pourrait monter jusqu’à la hauteur de ses lampadaire­s, lui cachant la vue sur l’eau. Il montre une digue rétractabl­e (en mortaise) qui serait selon lui une avenue intéressan­te.

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