Le Journal de Montreal

Une mère n’a plus accès à son bébé naissant

Elle ne comprend pas pourquoi la DPJ en vient à cette mesure

- ANTOINE LACROIX

Une mère des Laurentide­s est temporaire­ment privée de son bébé naissant parce qu’elle a voulu cesser de vivre avec le père du poupon qui a des problèmes de consommati­on et des comporteme­nts agressifs.

« Un bébé naissant a besoin de sa mère. C’est beaucoup trop long sept jours, c’est un non-sens, je l’allaite en plus », a sangloté la mère hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.

La trentenair­e, qu’il est impossible d’identifier en raison d’une ordonnance du tribunal, a donné naissance le 31 juillet.

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a fait signer un engagement aux parents, stipulant qu’ils devaient demeurer chez les grands-parents paternels pour avoir la garde.

Cette mesure aurait été imposée parce que les deux autres enfants de la mère, issus d’une autre union, ont été placés en famille

PROBLÈME D’ALCOOL

d’accueil pour éviter de vivre dans un milieu empreint de violence conjugale.

« L’engagement d’aller chez mes anciens beaux-parents, à la base, ça ne pouvait pas fonctionne­r. Nous ne formons même plus un couple », déplore la maman.

Samedi dernier, un conflit a dégénéré entre les parents, au point où la mère a voulu partir dans le but d’intégrer une maison d’hébergemen­t avec le bébé. Le père a avoué hier au tribunal éprouver des problèmes de consommati­on et avoir bu beaucoup d’alcool ce soir-là.

Le lendemain, la DPJ a appliqué une « mesure d’urgence » en excluant la mère du domicile des grands-parents, leur confiant la garde de l’enfant. Hier, le dossier s’est transposé devant le tribunal.

« Ce que je veux, c’est que [mon garçon] retrouve sa mère. C’est injuste », a même soutenu le papa devant la juge Dany Pilon, hier, disant qu’il n’avait aucune crainte pour la sécurité du poupon.

« Je ne comprends pas pourquoi on arrive avec quelque chose d’aussi drastique. Je n’ai pourtant jamais violenté mon bébé », s’est insurgée la mère, faisant écho aux propos de son avocate, Valérie Assouline, qui a plaidé que seulement des « raisons graves » devraient permettre d’en arriver là.

La DPJ estime de son côté qu’il fallait prolonger la garde du bébé chez les grands-parents, mettant de l’avant « l’instabilit­é de la mère » et son choix de quitter la résidence en dépit de son engagement.

DÉCISION

La juge Pilon s’est rangée derrière les arguments de la DPJ et a estimé qu’il y a « l’apparence raisonnabl­e de l’existence d’un risque » pour l’enfant. Elle a donc ordonné que le poupon soit confié pour les cinq prochains jours aux grands-parents.

La décision à plus long terme pourrait être différente, a nuancé la magistrate, soulignant qu’elle n’a « aucun doute de l’amour de la mère pour son enfant ».

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PHOTO ANTOINE LACROIX La mère d’un bébé naissant, qu’on ne peut identifier, est renversée de ne pas pouvoir voir son enfant pendant des jours.

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