Une mère n’a plus accès à son bébé naissant
Elle ne comprend pas pourquoi la DPJ en vient à cette mesure
Une mère des Laurentides est temporairement privée de son bébé naissant parce qu’elle a voulu cesser de vivre avec le père du poupon qui a des problèmes de consommation et des comportements agressifs.
« Un bébé naissant a besoin de sa mère. C’est beaucoup trop long sept jours, c’est un non-sens, je l’allaite en plus », a sangloté la mère hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.
La trentenaire, qu’il est impossible d’identifier en raison d’une ordonnance du tribunal, a donné naissance le 31 juillet.
La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a fait signer un engagement aux parents, stipulant qu’ils devaient demeurer chez les grands-parents paternels pour avoir la garde.
Cette mesure aurait été imposée parce que les deux autres enfants de la mère, issus d’une autre union, ont été placés en famille
PROBLÈME D’ALCOOL
d’accueil pour éviter de vivre dans un milieu empreint de violence conjugale.
« L’engagement d’aller chez mes anciens beaux-parents, à la base, ça ne pouvait pas fonctionner. Nous ne formons même plus un couple », déplore la maman.
Samedi dernier, un conflit a dégénéré entre les parents, au point où la mère a voulu partir dans le but d’intégrer une maison d’hébergement avec le bébé. Le père a avoué hier au tribunal éprouver des problèmes de consommation et avoir bu beaucoup d’alcool ce soir-là.
Le lendemain, la DPJ a appliqué une « mesure d’urgence » en excluant la mère du domicile des grands-parents, leur confiant la garde de l’enfant. Hier, le dossier s’est transposé devant le tribunal.
« Ce que je veux, c’est que [mon garçon] retrouve sa mère. C’est injuste », a même soutenu le papa devant la juge Dany Pilon, hier, disant qu’il n’avait aucune crainte pour la sécurité du poupon.
« Je ne comprends pas pourquoi on arrive avec quelque chose d’aussi drastique. Je n’ai pourtant jamais violenté mon bébé », s’est insurgée la mère, faisant écho aux propos de son avocate, Valérie Assouline, qui a plaidé que seulement des « raisons graves » devraient permettre d’en arriver là.
La DPJ estime de son côté qu’il fallait prolonger la garde du bébé chez les grands-parents, mettant de l’avant « l’instabilité de la mère » et son choix de quitter la résidence en dépit de son engagement.
DÉCISION
La juge Pilon s’est rangée derrière les arguments de la DPJ et a estimé qu’il y a « l’apparence raisonnable de l’existence d’un risque » pour l’enfant. Elle a donc ordonné que le poupon soit confié pour les cinq prochains jours aux grands-parents.
La décision à plus long terme pourrait être différente, a nuancé la magistrate, soulignant qu’elle n’a « aucun doute de l’amour de la mère pour son enfant ».