Le Journal de Montreal

La servante écarlate doit-elle mourir ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

La saison 3 de La servante écarlate s’est terminée sur une finale percutante. Mais cette saison a été tellement remplie d’invraisemb­lances et d’incohérenc­es, que je me demande si ce n’est pas la saison de trop.

Quand tu es arrivé au bout de ton histoire, tu devrais dire au revoir à tes personnage­s.

Vous trouvez que je suis raide ? Une chroniqueu­se américaine du site Vulture est allée jusqu’à écrire : « Il est temps que

La servante écarlate laisse June mourir. »

LA SAISON DE TROP ?

Bien sûr, je ne vais pas révéler ici de punchs majeurs concernant la finale de la saison 3, disponible en français sur

Club illico. Mais on peut se le dire : les auteurs de cette série, qui était fabuleuse les deux premières saisons, ont tourné les coins ronds avec la saison 3. Deux problèmes principaux : redondance et incohérenc­e.

Dans la saison 3, on a l’impression de tourner en rond. Quoi, encore Elisabeth Moss qui regarde la caméra avec des yeux fâchés, fâchés ? Encore un commandant qui est vilain avec sa servante ? Encore June qui fomente une rébellion et qui s’en tire sans aucune conséquenc­e sérieuse ?

Soyons sérieux : alors qu’elle vit dans un régime totalitair­e, June se tire indemne des pires situations. Serena Joy s’est fait amputer d’un doigt, Emily s’est fait enlever le clitoris, une des Martha qui a tenté d’aider June finit pendue, les rebelles sont envoyées dans les colonies ou forcées de se prostituer au bordel Jezebel… mais June, elle, peut faire les pires actes de rébellion, il ne lui arrive rien.

Elle a aidé sa fille Nichole à fuir au Canada, elle a blessé Madame Waterford… mais la république de Gilead ne la pend pas ? Les servantes de Washington portent trois anneaux qui leur clouent les lèvres… mais June peut continuer à parler comme si de rien n’était ?

Les auteurs et les producteur­s nous servent-ils une troisième saison uniquement parce que les cotes d’écoute sont bonnes et qu’on ne tue pas la poule aux oeufs d’or ? Ils étirent la sauce, la diluent avec de l’eau, et nous servent du réchauffé. Ça sent le remplissag­e. Tout un épisode se déroule dans un hôpital et c’est in-ter-mi-nable. Il ne se passe strictemen­t rien pendant de longues minutes.

BÉNI SOIT LE FRUIT

Jusqu’ici, je trouvais que le personnage joué par Elisabeth Moss était une résistante qui complotait intelligem­ment pour combattre de l’intérieur un régime théocratiq­ue. Mais cette saison, je trouve juste que c’est un électron libre qui risque la vie des autres pour des plans mal ébauchés qui finissent par foirer.

Ce qui me chicote le plus dans La servante écarlate, c’est quand June parle « des hommes » comme s’ils étaient tous des salauds. Elle les traite même de « psychopath­es ». C’est pourtant oublier que si la dictature Gilead a pu être implantée, c’est grâce à la collaborat­ion et à la complicité de femmes serviles qui organisent le viol des servantes écarlates.

LA SERVANTE TOUJOURS ÉCARLATE

Déjà que je trouvais que la saison 3 était la saison de trop, que penser du fait qu’il y aura une saison 4 ?

Combien on parie que ça va commencer avec un gros plan sur le visage fâché d’Elisabeth Moss ?

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