Le Journal de Montreal

ELLE VOIT SA VIE QUI CHAVIRE

Suspendue pour dopage, la canoéiste Laurence Vincent Lapointe clame son innocence

- BENOIT RIOUX

Suspendue après avoir échoué à un contrôle antidopage, Laurence Vincent Lapointe constate avec désarroi que sa carrière s’en va à la dérive.

« Mon univers s’est écroulé, a laissé tomber la canoéiste, hier lors d’une conférence de presse tenue à Montréal, au cours de laquelle elle a clamé son innocence. Je ne peux tout simplement pas y croire. C’est un cauchemar. Pour moi, c’est comme si tout ce que j’ai mis comme efforts, ça vient juste de tomber en poussières. »

Vincent Lapointe est rentrée à Montréal lundi soir, plutôt que de participer cette semaine aux Championna­ts du monde, en Hongrie. Son grand rêve de prendre part aux Jeux olympiques, à Tokyo en 2020, est par ailleurs compromis.

L’athlète québécoise de 27 ans, multiple championne du monde, a rencontré les médias dans un hôtel montréalai­s, en compagnie de l’avocat Adam Klevinas.

« Je ne comprends pas comment j’aurais pu décider de tout risquer à un an des Jeux olympiques, tout risquer même dans ma vie, parce que c’est non seulement une carrière d’athlète, mais aussi une vie qui est brisée, a-t-elle commenté.

« Je gagne depuis presque 10 ans et je sais que je peux battre toutes ces autres femmes avec ma propre force. Je sais que je peux être la meilleure sans prendre quoi que ce soit qui viendrait me “booster ”. »

En 2018, au Portugal, Vincent Lapointe avait ajouté trois titres mondiaux à sa collection, dominant les épreuves individuel­les sur 200 mètres et 5000 m, en plus de la course en duo (C2–500 m). Elle en totalise 13, en comptant sa médaille d’or obtenue aux Mondiaux des moins de 23 ans, en 2013.

CONTAMINAT­ION, SABOTAGE ?

Testée positive à une substance interdite, le ligandrol, Vincent Lapointe et son avocat croient qu’une contaminat­ion a peut-être eu lieu par le biais de supplément­s alimentair­es ou par contaminat­ion croisée. Dans ce dernier cas, on a donné l’exemple d’un athlète qui aurait pu se tromper en buvant dans la mauvaise bouteille d’eau.

« Il y a une explicatio­n, a indiqué l’avocat. Nous sommes certains que ce n’est pas elle qui ait pris cette substance intentionn­ellement. Si on trouve l’origine et c’est une question de contaminat­ion, selon les règles, on peut avoir une suspension permettant de participer aux Jeux olympiques l’année prochaine. »

« Ce qui est important, c’est de réussir à prouver que ce n’est pas volontaire et que ce qui s’est retrouvé dans mon système, c’était une contaminat­ion ou une contaminat­ion croisée », a pour sa part prononcé Vincent Lapointe.

Même si l’hypothèse d’un sabotage n’est pas celle privilégié­e, elle avoue avoir songé à la possibilit­é d’avoir été bernée par une adversaire. « Quand tu te retrouves dans une telle situation, tu penses à toutes les possibilit­és, a-t-elle dit. J’ose espérer que ce n’est pas du sabotage, car j’aime les gens avec qui je m’entraîne et j’aime les gens avec qui je compétitio­nne.»»

RÊVER AUX JEUX OLYMPIQUES

Après les présents Mondiaux, les canoéistes du Canada auront une autre opportunit­é de se qualifier pour les Jeux de Tokyo, en mai prochain, lors des Championna­ts panamérica­ins qui se tiendront au Chili.

« Mon rêve d’aller aux Olympiques a commencé quand j’avais environ 7 ans et toute ma vie, j’ai travaillé fort à chaque jour, a dit Vincent Lapointe. Encore dans la dernière année, je ne suis pas allée à l’école depuis l’automne, car j’ai voulu me concentrer sur les compétitio­ns et me préparer pour les sélections olympiques. »

« Le rêve olympique, je ne veux pas l’abandonner, on travaille pour accélérer les choses et essayer de voir d’où ça vient, a-t-elle ajouté, à propos de la substance interdite retrouvée. Je ne veux pas que ce soit la fin. Je continue. »

 ?? PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET D’ARCHIVES ?? Championne mondiale à maintes reprises, Laurence Vincent Lapointe avait du mal à contrôler ses émotions quand elle a étreint sa mère Nathalie et son père Guy avant de rencontrer les médias en présence de son avocat Adam Klevinas.
PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET D’ARCHIVES Championne mondiale à maintes reprises, Laurence Vincent Lapointe avait du mal à contrôler ses émotions quand elle a étreint sa mère Nathalie et son père Guy avant de rencontrer les médias en présence de son avocat Adam Klevinas.

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