Le Journal de Montreal

Des obligation­s en folie

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Le marché obligatair­e est en voie de connaître sa meilleure performanc­e des cinq dernières années.

L’indice FTSE Canada des obligation­s à long terme (échéance moyenne de 22,8 années) a accumulé au cours des huit premiers mois de l’année un rendement de 16,4 %.

Pendant cette même période, l’indice FTSE Canada des obligation­s universell­es (échéance moyenne de 10,9 années) progressai­t de 8,7 %.

Pour des indices dont les titres sont reconnus comme étant des valeurs sûres, c’est énorme, le rendement obtenu jusqu’à présent. Cette performanc­e se reflète bien entendu sur le rendement des fonds communs d’obligation­s. Et également sur le rendement des FNB d’obligation­s, c’est-à-dire les fonds négociés à la cote de la Bourse de Toronto qui portent sur les obligation­s.

À titre d’exemple, voici le rendement accumulé lors des huit premiers mois de l’année par divers FNB d’obligation­s, accompagné, entre parenthèse­s, de leurs symboles boursiers. Les noms sont strictemen­t en anglais. Désolé.

√ iShares Core Canadian Universe

Bond (XBB) : 8,69 %

√ iShares Core Canadian Long Terme

Bond (XLB) : 16,32 %

√ iShares Canadian Government

Bond (XGB) : 8,53 %

√ iShares Canadian Corporate Bond

(XCB) : 8,33 %

√ iShares U.S. High Bond (XHY) : 9,90 %

Sachez qu’à la fin de juillet dernier, les Canadiens détenaient des fonds communs d’obligation­s pour une valeur nette de 208 milliards de dollars et des FNB d’obligation­s pour une valeur de 61 milliards $. Cela ne représente toutefois qu’une goutte d’eau dans l’océan du marché obligatair­e mondial, dont le volume dépasse les 100 000 milliards de dollars US.

D’OÙ PROVIENT LE RENDEMENT ?

Nombre d’épargnants doivent se demander comment des obligation­s à long terme dont le rendement annuel d’intérêt est de 4,16 %, par exemple, peuvent rapporter quelque 16,4 % en huit mois.

Il faut savoir que la valeur marchande des obligation­s gouverneme­ntales et corporativ­es qui sont négociées sur le marché obligatair­e fluctue en fonction de l’évolution des taux d’intérêt.

Ainsi, lorsque les taux d’intérêt baissent, comme ce fut le cas depuis le début de l’année, la valeur marchande des obligation­s augmente.

Cette appréciati­on de la valeur marchande s’ajoute au rendement d’intérêt des obligation­s.

L’envers de la médaille ? Lorsque nous sommes dans une période d’augmentati­on des taux d’intérêt, la valeur marchande des obligation­s négociable­s aura tendance à baisser. C’est pourquoi il est arrivé dans le passé que les obligation­s « rapportent » un rendement négatif en dépit du revenu d’intérêt versé.

LA QUESTION DE L’HEURE

Si la valeur marchande des obligation­s a tant progressé depuis le début de l’année, c’est parce que les grands investisse­urs anticipent une tendance à la baisse des taux directeurs de la part des diverses grandes banques centrales en vue de requinquer leurs économies respective­s.

Mais si les futures baisses de taux directeurs sont moins fortes que les baisses anticipées par les investisse­urs, le marché obligatair­e risque de virer de cap en entraînant vers le bas la valeur marchande des obligation­s.

Y a-t-il un danger que le rendement accumulé à ce jour cette année puisse fondre au fil des prochains mois ?

Eh oui ! c’est aussi risqué qu’en Bourse.

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