Le Journal de Montreal

Réjean Tremblay

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@ quebecorme­dia.com

Quelle image fabuleuse ! Bianca Andreescu couchée sur le dos sur le court du Arthur-Ashe, les jambes et les bras en étoile. Et la caméra installée dans les structures de l’immense stade qui nous montre cette nouvelle étoile du tennis mondial.

Et l’étoile follement aimée du Canada et du Québec. La nouvelle reine qui a battu la reine pour s’installer sur le trône. Pas n’importe quelle bonne joueuse, mais Serena Williams. La Big Queen en personne. Celle qui jouait pour l’Histoire.

Puis, l’étoile a fait place à la jeune femme. Celle qu’on aime d’instinct, celle qu’on devine bonne et généreuse.

La petite mautadite, quand elle est grimpée dans les gradins pour embrasser son coach Sylvain Bruneau et ses parents dans une étreinte toute familiale, les deux en même temps, j’ai senti un motton dans la gorge. Et j’ai refoulé des larmes qui m’auraient rougi les yeux avant le souper. Après toutes ces années à couvrir le sport, faut se garder une petite gêne…

Mais je suis convaincu que, dans les chaumières du Québec, je n’étais pas le seul à me laisser émouvoir. Elle est tellement attachante.

UNE GUERRE DE NERFS

À 5-1 au deuxième set pour Bianca Andreescu, ce qui s’annonçait comme une victoire facile à confirmer, la grande championne a retrouvé ses moyens. La foule s’est enflammée, et on a vivement senti que les nerfs de Bianca commençaie­nt à se raidir. Les coups de routine ont commencé à lui échapper, et Williams a imposé son rythme et sa volonté.

Heureuseme­nt, Andreescu s’est retrouvée à temps. Elle a profité de deux doubles fautes consécutiv­es de Serena pour retrouver son calme. À partir de ces deux points, la fin se dessinait. Elle allait gagner.

Mais ce fut tendu et difficile jusqu’à la fin.

LA GESTUELLE DE SERENA

Peut-être que Serena Williams n’a pas fait exprès. Peutêtre qu’elle était vraiment désemparée et confuse. Mais sa gestuelle au deuxième set était un piège dangereux pour Bianca Andreescu.

Serena soupirait, on aurait dit qu’elle était à la limite de pleurer, elle y allait de mimiques de désespoir…

Imaginez comment Bianca Andreescu se sentait en voyant son idole d’enfance s’écrouler devant elle. Le tennis est un sport qui exige beaucoup du mental. Il faut rester concentré sur ses coups et ne jamais se laisser distraire par l’adversaire. C’est pour ça qu’on a été si sévère avec les folies de John McEnroe dans le passé et de Nick Kyrgios de nos jours.

Et Bianca devait avoir en tête les débordemen­ts et les outrances de Serena lors de défaites précédente­s. La Japonaise Naomi Osaka s’est fait gâcher son moment de rêve l’an dernier. Ç’aurait pu arriver à Bianca.

Heureuseme­nt, Serena a repris le contrôle de ses émotions et au lieu de faire une crise comme on l’a vue faire trop souvent dans le passé, elle a transformé une volée à sens unique en un combat féroce.

Ce qui a rappelé le célèbre vers de Pierre Corneille. Mais adapté au sport.

À triompher dans le péril, on triomphe avec gloire. Bravo Bianca !

Imaginez comment Bianca Andreescu se sentait en voyant son idole d’enfance s’écrouler devant elle

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