Le Journal de Montreal

Les mouchoirs sont rares à l’école

Les nouvelles règles imposées par le ministère de l’Éducation causent des maux de tête aux enseignant­s

- DOMINIQUE SCALI

Des profs ont l’intention de débourser de leur poche pour acheter des mouchoirs à leurs élèves en raison de la confusion qui règne toujours autour de ce produit, qui devrait pourtant être fourni par les écoles.

« Il n’y en a pas, de mouchoirs [fournis par l’école]. Chez nous, ça n’existe pas », dit Joanna (nom fictif), qui enseigne dans une école de l’île de Montréal.

« Savez-vous ce qui va arriver ? Je vais le payer de ma poche. Je me connais. »

Le Journal a parlé à huit enseignant­es provenant d’une commission scolaire en Estrie et à deux autres dans la métropole. Toutes ont préféré taire leur vrai nom afin de ne pas subir de représaill­es de la part de leur employeur.

Cet automne, les profs ne peuvent plus inclure les boîtes de mouchoirs dans les listes de fourniture­s scolaires demandées aux parents, comme beaucoup avaient l’habitude de le faire avant.

Les kleenex doivent dorénavant être fournis par l’école, au même titre que le papier de toilette, depuis que le gouverneme­nt Legault a adopté en juin une loi visant à faire le ménage dans la facture scolaire.

FINIE AVANT NOËL

Or, l’applicatio­n de cette nouvelle règle semble inégale d’une école à l’autre, selon les témoignage­s recueillis.

Dans certains établissem­ents, la question est réglée. L’école dispose d’une réserve de boîtes dans laquelle on peut piger, sans qu’il y ait de quota par classe.

À Sherbrooke, une enseignant­e indique toutefois que la direction n’a fourni que deux boîtes par classe, une quantité qui ne sera pas suffisante pour se rendre à Noël.

Dans une école secondaire de Montréal, une enseignant­e rapporte même que la direction a explicitem­ent interdit aux profs de fournir un rouleau de papier de toilette en classe pour dépanner les élèves, qui doivent apporter leurs propres mouchoirs.

Cela contrevien­t aux nouvelles règles du ministère, estime Hélène Bourdages de l’Associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ent.

« Mais il se peut que les listes ne soient pas encore tout à fait conformes », avoue-t-elle. Elles sont souvent adoptées dès le mois de mai, alors que le ministère a changé ses règles au moins de juin.

DUR POUR LE NEZ

Reste que, dans beaucoup d’endroits, l’école assume déjà entièremen­t la responsabi­lité de procurer les mouchoirs aux élèves, assure Mme Bourdages. « Mais c’est sûr que ce n’est pas des mouchoirs à trois plis. C’est un peu plus tough pour le nez. »

Dans d’autres écoles, une commande de mouchoirs a été passée, mais les profs n’en ont pas encore vu la couleur.

« Justement, il y avait une petite qui coulait du nez [mercredi]. Je suis allée prendre des mouchoirs dans l’avant-dernière boîte qu’il me restait de l’an dernier », dit Joanna.

Cette enseignant­e en milieu défavorisé se réjouit que l’école soit moins coûteuse qu’avant, car elle voit des parents qui peinent à joindre les deux bouts.

« Mais on va devoir piger dans notre budget de classe », ajoute-t-elle, en parlant de cette enveloppe dont disposent les profs pour acheter du matériel pour leur local et leurs activités.

Guylaine (nom fictif), une autre prof de Montréal, sait déjà que l’argent sortira de sa poche. « Je vais aller chez Walmart en acheter pour la moitié de l’année. »

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Une enseignant­e au primaire a photograph­ié les cinq boîtes de mouchoirs qui ont été fournies par l’école, une quantité insuffisan­te pour toute l’année, selon elle.
PHOTO COURTOISIE Une enseignant­e au primaire a photograph­ié les cinq boîtes de mouchoirs qui ont été fournies par l’école, une quantité insuffisan­te pour toute l’année, selon elle.

Newspapers in French

Newspapers from Canada