Le Journal de Montreal

Il se fait tard pour sauver un bâtiment historique

L’Union française a besoin de plus d’un million $ pour effectuer des rénovation­s

- PASCAL DUGAS BOURDON Journal de Montréal

Un organisme communauta­ire montréalai­s tire la sonnette d’alarme pour tenter de sauver l’édifice historique qui l’héberge, sans quoi il risque de devenir inhabitabl­e.

« Il est minuit moins une pour le bâtiment, si ce n’est pas un peu plus tard », a indiqué Cyrille Maurice, administra­teur pour l’Union française et architecte d’intérieur de formation.

Toit qui coule, infiltrati­ons d’eau dans les murs, fenêtres pourries : les défis auxquels fait face l’organisme propriétai­re qui aide et rassemble les Français à Montréal depuis 1886 sont énormes.

PROBLÈMES STRUCTURAU­X

« Chaque hiver, l’eau infiltrée gèle, dégèle, regèle, et donc on parle de gros problèmes structurau­x », se désole M. Maurice, qui avoue être inquiet pour la pérennité du bâtiment dont la façade est classée patrimonia­le par Montréal.

Les deux derniers étages de l’édifice, qui en compte quatre, sont même condamnés depuis quelques années, faute de pouvoir offrir à d’éventuels locataires commerciau­x un milieu de travail adéquat.

Sans compter plusieurs mises à niveau qui doivent être réalisées, comme l’installati­on de gicleurs ou la rénovation d’escaliers de secours.

COÛTEUX PROJET

L’organisme estime d’ailleurs que de tout rénover pourrait coûter plus d’un million $.

« Seulement pour refaire deux petites lucarnes, qui font peut-être 5 mètres carrés chacune, ce serait 100 000 $ », a illustré M. Maurice, en précisant que l’organisme est loin d’avoir les fonds nécessaire­s pour financer de tels travaux.

Malgré les défis financiers, l’organisme refuse catégoriqu­ement de vendre. Et pourtant, il a reçu plusieurs offres déjà.

« On ne vendra pas. Jamais de la vie. Ça appartient à l’Union française et ça doit garder son rôle dans la communauté », a insisté M. Maurice.

L’organisme espère maintenant obtenir des subvention­s de la Ville et des gouverneme­nts provincial et fédéral pour poursuivre ses activités à cet endroit.

« Normalemen­t, on y aura droit, mais c’est au bon vouloir des personnes à qui on les demande », a dit le bénévole, qui garde malgré tout espoir.

Pour Luc Noppen, professeur à l’UQAM et expert en patrimoine urbain à Montréal, il ne fait aucun doute que le bâtiment de l’avenue Viger a une valeur exceptionn­elle.

SPECTACULA­IRE

« [La bâtisse] est assez spectacula­ire, car elle fait partie de ce qui reste du square Viger, où s’est installée à l’époque la bourgeoisi­e francophon­e de Montréal », a indiqué M. Noppen au Journal.

« On a classé patrimonia­les au Québec des maisons beaucoup moins importante­s que celle-là », a-t-il ajouté.

Le bâtiment a été bâti en 1867 et est donc plus vieux que l’hôtel du Parlement de Québec ou la mairie de Montréal.

« Il existe des bâtiments plus vieux à Montréal, bien sûr, mais pas de ce style-là. »

 ?? PASCAL DUGAS BOURDON, LE JOURNAL DE MONTRÉAL ?? 1. La façade du 429, avenue Viger Est, à Montréal, est classée patrimonia­le par la Ville de Montréal. 2. Cyrille Maurice déplore des dommages importants à la toiture de l’édifice. 3. Parmi tous les travaux à effectuer, il faudra changer les fenêtres, en très mauvais état.
PASCAL DUGAS BOURDON, LE JOURNAL DE MONTRÉAL 1. La façade du 429, avenue Viger Est, à Montréal, est classée patrimonia­le par la Ville de Montréal. 2. Cyrille Maurice déplore des dommages importants à la toiture de l’édifice. 3. Parmi tous les travaux à effectuer, il faudra changer les fenêtres, en très mauvais état.

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