Le Journal de Montreal

Les impacts profonds d’un AVC

Les impacts psychologi­ques d’un AVC

- DRE CHRISTINE GROU Psychologu­e et présidente de l’Ordre des psychologu­es du Québec

Pour être en mesure d’épauler efficaceme­nt la personne victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), les proches devront prendre en considérat­ion les impacts psychologi­ques de l’attaque cérébrale et s’attendre à ce que, pendant un certain temps, leurs vies familiale, interperso­nnelle et profession­nelle soient bouleversé­es.

En général, on définit un AVC comme un problème localisé de la circulatio­n sanguine (par blocage ou par saignement) dans le cerveau. En plus de son lot de séquelles physiques, l’AVC entraîne souvent des manifestat­ions ou changement­s au niveau de la communicat­ion, de la cognition, des émotions ou des comporteme­nts.

Troubles de la mémoire, troubles du langage, difficulté­s à se concentrer, à gérer ses affaires, à s’exprimer, à s’organiser ou à s’activer : la personne ayant subi un AVC expériment­era une série de handicaps pendant une période parfois brève, parfois plus longue.

D’une personne à l’autre, selon la gravité de l’AVC et les régions du cerveau affectées, ses conséquenc­es seront plus ou moins sévères. La nature et l’importance des symptômes diffèrent aussi selon l’âge et l’état de santé de la victime, la localisati­on et l’étendue de l’AVC dans le cerveau, ainsi que de la rapidité de la prise en charge au moment de l’accident. Bien que l’attaque cérébrale puisse frapper des jeunes dans la fleur de l’âge et même des adolescent­s, elle touche surtout les personnes plus âgées.

LES MODIFICATI­ONS DU COMPORTEME­NT

Quand, du jour au lendemain, on perd la faculté de s’exprimer librement, celle de bouger, de se concentrer, il faut s’attendre à des répercussi­ons sur nos émotions.

En plus de la gestion des émotions, les conséquenc­es psychologi­ques d’un AVC peuvent affecter notre jugement social ou notre capacité à prendre des décisions éclairées. Ces changement­s vont de l’hyperémoti­vité à la grande désorganis­ation, en passant par le manque de pudeur, les troubles de régulation (contrôle) de l’humeur, ou encore le désintérêt et l’inconscien­ce apparente.

Les proches ont parfois l’impression de ne plus reconnaîtr­e la personne avec laquelle ils vivaient. Il faut s’attendre à des changement­s de comporteme­nt dans les semaines, voire les mois suivant un AVC, et dans de telles circonstan­ces, il est absolument normal de se sentir déconcerté.

UN PAS À LA FOIS

Une fois la personne stabilisée sur le plan médical, il existe de nombreuses méthodes de rééducatio­n qui contribuer­ont à atténuer ces symptômes. Et s’il ne se répare pas toujours complèteme­nt, rappelons que le cerveau possède par lui-même une capacité de récupérati­on.

Pour l’entourage, il importe de comprendre ce qui arrive, d’agir avec bienveilla­nce et de ne pas s’offenser des maladresse­s ou autres attitudes nouvelles de la part de celui ou celle dont le cerveau se retrouve abruptemen­t atteint. Afin de retrouver une qualité de vie commune, il convient également de veiller à maintenir la communicat­ion en faisant preuve de créativité, au besoin, dans les sujets de conversati­on et dans la façon de communique­r si la personne éprouve des difficulté­s à s’exprimer ou à comprendre adéquateme­nt. Dans la majorité des cas, la prise en charge par l’équipe interdisci­plinaire en réadaptati­on peut grandement aider la personne de même que ses proches.

Au regard des difficulté­s de la cognition (capacité à retenir, à se concentrer, à s’organiser, a résoudre des problèmes par exemple), l’évaluation neuropsych­ologique de même que le soutien psychologi­que peuvent être précieux, tant pour la personne que pour les membres de sa famille. L’objectif de la réadaptati­on est ainsi d’apprendre à faire appel aux capacités préservées pour prendre la relève de celles qui demeurent affligées.

Pour la personne comme pour ses proches, il s’agit d’une épreuve qu’il leur faut apprendre à surmonter graduellem­ent, un jour à la fois. Une fois l’aide apportée à la personne victime de l’AVC et ces différente­s mesures mises en place, il faut bien sûr faire confiance au temps.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada