Le Journal de Montreal

UN DANOIS SE VOIT À LA PLACE DE CAREY PRICE

Le gardien format géant Frederik Dichow a été un choix de 5e ronde du Tricolore en juin dernier

- Le Journal

MALMO, Suède | Carey Price n’a pas à s’inquiéter pour l’instant, mais un jeune gardien sélectionn­é en juin par le Canadien de Montréal se voit déjà à sa place dans quatre ans. Pour ajouter à son ambition, Frederik Nissen Dichow n’a rien du candidat moyen : à 6 pi 5 po et 200 livres, captant de la main droite, il nous arrive… du Danemark.

Ce nouveau chapitre dans l’histoire de l’équipe s’est amorcé quand le jeune homme de 18 ans, en suivant à la télévision le repêchage de la Ligue nationale à Vancouver, le 22 juin dernier, a vu son nom à l’écran à titre de choix de cinquième ronde du Canadien (138e au total). Dans la petite municipali­té de Vojens, ce soir-là autour de 22 h, la terre a tremblé.

« C’est mon équipe préférée depuis que j’étais enfant. Ç’a été un feeling spécial. J’ai toujours eu Carey Price comme idole, alors c’est très cool. Quand on a vu apparaître mon nom à l’écran, toute la famille a sauté. Ma mère a pleuré, c’était très émouvant », nous raconte-t-il.

« DICHO » AU QUÉBEC

Pour simplifier les présentati­ons, le garçon se fait connaître comme Frederik Dichow, du nom de famille de sa mère. Dans la paperasse officielle s’ajoute le nom Nissen de son père qui, à 6 pi 6 po, lui a clairement légué aussi des gènes.

« En danois, on prononce “Diko”, mais j’ai découvert qu’à Montréal, comme ici en Suède, les gens aiment prononcer “Dicho”. Je vais m’y habituer », assure le gardien, que a rencontré à Malmo, dans le sud de la Suède, où il jouera cette saison comme gardien numéro un avec les Redhawks dans la Ligue junior élite.

MAUVAIS JOUEUR, BON GARDIEN

Ce fils de parents professeur­s s’est initié au hockey dans leur commune de 7000 résidents, située à une cinquantai­ne de kilomètres de la frontière nord de l’Allemagne. Vojens se fait surtout connaître en Europe pour son importante piste de courses de motos. À sa façon avec son aréna moderne, elle contribue aussi au développem­ent du hockey à la tradition quelconque dans ce pays de 5,9 millions d’habitants.

Son frère aîné Gustav, âgé d’une année de plus que lui, a été le seul à se laisser tenter par le soccer en raison du passé de sa mère, ex-joueuse profession­nelle dans une ligue de deuxième division. Les deux frères ont ensuite été invités par leurs parents à essayer le patin à l’aréna, situé à cinq minutes à vélo de la maison.

« Une journée, on a enfilé de l’équipement et on a commencé le hockey. J’avoue que je n’ai pas aimé le premier coup, mais j’y suis quand même retourné », explique Frederik, qui a vite compris que c’est comme gardien qu’il allait trouver son plaisir.

« J’étais très mauvais comme joueur, alors ils m’ont envoyé devant le but ! J’ai tout de suite aimé arrêter des rondelles. »

SEUL LE CANADIEN L’A RENCONTRÉ

Le jeune Dichow a progressé dans les ligues du Danemark avant de participer au championna­t mondial des moins de 18 ans pour les nations de deuxième catégorie, en avril dernier à Grenoble. En cinq matchs, il a conservé une moyenne de buts alloués de 2,37 et une d’efficacité de 92 %.

À 6 pi 5 po, son nom a commencé à circuler, au point où il dit avoir été rencontré par le Canadien lors d’un événement à Stockholm, au printemps, où de jeunes joueurs de la Scandinavi­e avaient été conviés pour des tests physiques et des possibilit­és d’entrevues avec des équipes juniors et profession­nelles.

« J’avais parlé au Canadien, mais je n’avais rien perçu d’un éventuel intérêt de leur part. J’ai appris que d’autres équipes étaient intéressée­s, mais c’est la seule que j’avais rencontrée. C’est pour ça que ç’a été encore plus toute une sensation quand ils m’ont repêché », dit-il.

« C’est la plus grande organisati­on. C’est tellement un honneur maintenant que d’en faire partie parce que je sais que le hockey est une grosse affaire à Montréal. »

À MONTRÉAL DANS 3 OU 4 ANS

Frederik Dichow n’a pas été invité au camp des espoirs du Canadien. Il aurait pourtant aimé, mais il dit comprendre qu’une réserve de bons gardiens dans l’organisati­on, dont Cayden Primeau, pourrait avoir limité le nombre d’invitation­s.

On le verra cependant un jour à Montréal, nous a-t-il assuré. Du moins, ce n’est pas la confiance qui lui fait défaut. Ni la lucidité.

« Le meilleur scénario qui pourrait m’arriver serait d’atteindre la LNH dans trois ou quatre ans. Je sais que je dois continuer à travailler, mais je pense que je suis sur la bonne voie. Il y a une longue route entre la Ligue junior élite de Suède et la Ligue nationale de hockey, mais si je m’entraîne de façon profession­nelle chaque jour et que je garde une bonne attitude, il y a une possibilit­é pour moi. »

Il a déjà franchi un premier pas, ne serait-ce que pour sa connaissan­ce du marché de Montréal. Amusé, il nous a servi une première phrase en français : « Je m’appelle Frederik ».

On connaît son prénom. Il lui reste maintenant à se faire un nom.

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