Le Journal de Montreal

Les Patriots embauchent Antonio Brown

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Les Steelers, manipulés par Antonio Brown, ont été contraints de le laisser filer vers Oakland. Les Raiders, qui souhaitaie­nt à leur tour vivre une idylle avec le mercuriel receveur, n’ont pas mis de temps à se retrouver cocufiés en public. Pendant ce temps, les Patriots, fidèles à eux-mêmes, brassent de grosses affaires à rabais, ramassant un talent rare sur le trottoir pour des miettes pendant que les coeurs brisés pleurent.

Chez les Raiders, Brown n’aura été qu’une bombe à retardemen­t. Presque comme s’il avait tout fait pour orchestrer sa sortie, sous promesse des Patriots de l’embaucher…

Il y a d’abord eu cette fixation étrange sur le fait de porter un casque devenu non réglementa­ire par rapport aux nouvelles politiques de sécurité de la NFL. Par moments, les Raiders ne savaient plus où il se trouvait durant le camp d’entraîneme­nt. Parti, disparu, pas de nouvelles. Un cas rare et inacceptab­le qui se produit seulement lorsqu’un joueur se croit bien au-dessus de son équipe.

Cette semaine, les Raiders l’ont mis à l’amende pour des entraîneme­nts ratés. Brown a eu l’idée de [sans] génie d’annoncer la nouvelle à ses fidèles via son compte Instagram en lançant des flèches à sa propre équipe. Une confrontat­ion musclée avec le directeur général Mike Mayock, lors de laquelle il aurait proféré des menaces physiques, a ensuite éclaté.

Après des excuses pieuses, l’instable enfant gâté a finalement demandé aux Raiders, qui se sont pourtant mis en génuflexio­n devant lui, de le libérer.

Les Patriots ont observé gentiment ce cirque burlesque à distance pour mettre Brown sous contrat quand l’encre sur la lettre de renvoi des Raiders n’était pas séchée. Et les riches sont toujours plus riches !

FAIBLE RISQUE

Contrairem­ent aux Raiders, qui avaient cédé des choix de troisième et cinquième rondes aux Steelers, les Patriots prennent un risque minime. Un contrat d’un an pouvant rapporter à Brown un salaire de 15 millions maximum, c’est ce qu’ils ont déboursé, sans avoir à verser de capital au repêchage. Le retour sur l’investisse­ment pourrait être magistral.

Et si Brown demeure un fauteur de trouble qui redéfinit l’expression diva, les Patriots le laisseront filer en fin de saison pour mieux récupérer un choix compensato­ire de troisième ronde, ce que les règlements de la ligue prévoient en pareilles circonstan­ces.

ET MAINTENANT ?

S’il existe une organisati­on qui peut contenir les élans narcissiqu­es et l’ego disproport­ionné de Brown, c’est bien celle de Bill Belichick, qui n’entendra pas à rire une seconde avec ce maître de l’autodestru­ction.

Mais attention ! Il ne faut pas oublier que cette stratégie, qui a fonctionné dans le passé avec Randy Moss et Corey Dillon, n’a rien rapporté dans des cas comme ceux de Chad Johnson et Albert Hayneswort­h.

Et un receveur comme Moss, même s’il s’est offert sa part de frasques idiotes, n’a jamais souffert de la constante quête maladive et incurable d’attention qui caractéris­e Brown.

N’empêche que les Patriots obtiennent un virtuose à sa position. Un virtuose phénoména-lement tordu, mais virtuose quand même !

Dès la semaine prochaine

(le contrat de Brown entre en vigueur lundi), Tom Brady aura le loisir de lancer à Brown, Julian Edelman et Josh Gordon, pour ne nommer que ceux-là. Si Brown rentre dans le rang, les Patriots seront ridiculeme­nt redoutable­s.

Et dans un vestiaire aussi sérieux, il est plus susceptibl­e de voir le grand Antonio revêtir son uniforme de receveur que son autre de bouffon excentriqu­e.

Les Patriots gagnent encore et toujours.

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 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AFP ?? Antonio Brown n’aura fait que passer avec les Raiders, après un séjour tumultueux qui a confirmé les craintes au sujet de son caractère combustibl­e.
PHOTO D’ARCHIVES, AFP Antonio Brown n’aura fait que passer avec les Raiders, après un séjour tumultueux qui a confirmé les craintes au sujet de son caractère combustibl­e.

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