Washington laisse la porte ouverte à une reprise des négociations
Les talibans promettent de poursuivre le djihad après la décision de Trump
WASHINGTON | (AFP) Washington a laissé hier la porte ouverte à de nouvelles négociations avec les talibans sur le conflit en Afghanistan, rompues de manière spectaculaire la veille par Donald Trump, mais les insurgés ont menacé les ÉtatsUnis d’une « souffrance » sans précédent pour leur revirement.
Le président américain a créé la surprise par une double annonce tonitruante samedi soir. Il a d’abord dévoilé avoir organisé dans le plus grand secret une réunion, prévue hier dans sa résidence de Camp David, lieu emblématique de nombreuses négociations de paix, avec son homologue afghan Ashraf Ghani et, surtout, avec les chefs des talibans.
Mais il a aussi, d’un coup de Twitter, annulé à la fois cette rencontre, qui s’annonçait aussi historique que controversée, et les pourparlers en cours depuis un an avec les insurgés qui semblaient pourtant sur le point d’aboutir à un accord après dix-huit ans de conflit en Afghanistan.
La raison invoquée pour ce coup de théâtre : l’attentat meurtrier de jeudi à Kaboul, revendiqué par les rebelles et qui a notamment tué un soldat américain.
VIOLENCES REDOUTÉES
« L’Amérique va souffrir plus que tout autre », « son attitude anti-paix sera plus visible aux yeux du monde, et ses pertes humaines et financières vont augmenter », a mis en garde un porte-parole du mouvement rebelle, Zabihullah Mujahid, promettant de « poursuivre son djihad » jusqu’à la « fin de l’occupation ».
Dans l’immédiat, la violence donc risque de redoubler à l’approche de l’élection présidentielle du 28 septembre en Afghanistan.
Est-ce pour autant la fin de ce processus inédit pour mettre fin à la plus vieille guerre des États-Unis ? Malgré leur message belliqueux, les talibans ont dit « croire » que les Américains reviendront à la table des négociations.
Quant au chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, omniprésent dans les émissions dominicales pour expliquer la décision de Donald Trump, il n’a pas exclu une reprise des tractations, à condition que les insurgés « changent d’attitude » et « confirment les engagements qu’ils avaient pris ».
RETRAIT DES TROUPES ?
Il a confirmé qu’un « accord de principe » était sur la table après « d’énormes progrès ». Il devait permettre un début de retrait progressif des 13 000 à 14 000 soldats américains en Afghanistan. Mike Pompeo a dit que Donald Trump n’avait pas encore décidé s’il irait de l’avant avec le retrait des troupes, même sans accord.