Le bouffon
Dans sa tentative d’exploiter au Canada le créneau de la droite populiste, Maxime Bernier a commis sa première grosse erreur, et ce n’est pas de s’en être pris à la santé mentale de Greta Thunberg. C’est plutôt de s’en être excusé.
Les électeurs que Bernier veut rejoindre détestent tout ce qui leur semble appartenir à une rectitude politique endémique. Dans la foule des rassemblements pro-Trump aux ÉtatsUnis, c’est un commentaire qui revient souvent. « Je sais que c’est un bouffon, mais j’aime qu’il ne s’excuse jamais. »
Pour Maxime Bernier, c’est problématique, parce que ça met en lumière un aspect de sa démarche dont ne doutent pas ceux qui le suivent depuis longtemps, soit que le chef du Parti populaire ne pense pas vraiment la moitié des âneries qu’il prononce.
MÉPRIS
Maxime Bernier est un fumiste. Se présentant comme le « vrai gars de la Beauce », ce qu’il est par la naissance, il répond davantage au cliché du métrosexuel urbain. Il s’exprime dans une langue châtiée, a les moyens d’envoyer ses filles au privé non subventionné anglophone et fréquente des intellectuels. En pratique, sa vie n’a rien à voir avec celle des gens à qui il prétend ressembler.
On se moque encore des Jos Louis distribués aux soldats et de la ridicule ritournelle de campagne dont il se vantait d’avoir écrit lui-même les paroles, mais ça montre un paradoxe courant chez les populistes. Ce sont généralement les politiciens qui trahissent le plus de mépris pour leur propre clientèle électorale.
SORNETTES
Idéologue libertarien isolé au sein du Parti conservateur, Maxime Bernier voulait continuer de faire de la politique. Il s’est donc tourné vers une catégorie d’électeurs dont il ne respecte pas lui-même l’intelligence et à qui il raconte toutes les sornettes qu’il croit qu’ils désirent entendre. Ça en fait donc un bouffon.
En faisant ce que la morale commandait en s’excusant à Greta Thunberg, il est toutefois devenu un bouffon qui s’excuse.