Le Journal de Montreal

La Caisse accélère à l’internatio­nal

L’institutio­n a annoncé plus d’investisse­ments à l’étranger qu’au Canada depuis le début de l’année

- SYLVAIN LAROCQUE

La Caisse de dépôt et placement du Québec a multiplié les investisse­ments à l’étranger depuis le début de 2019, accentuant une tendance qui a cours depuis l’arrivée de Michael Sabia à la tête de l’institutio­n, il y a 10 ans.

Depuis janvier, la Caisse a dévoilé 18 investisse­ments à l’extérieur du Canada d’une valeur globale de plus de 14 milliards de dollars. Pendant toute l’année 2018, l’institutio­n avait annoncé 21 transactio­ns internatio­nales totalisant 8,1 milliards de dollars.

La Caisse a été moins active au Canada : elle y a annoncé 15 transactio­ns depuis le début de 2019, dont 13 au Québec. Ensemble, ces investisse­ments ont une valeur de moins de 1 milliard $. En 2018, l’institutio­n avait publicisé 25 investisse­ments au Canada, donc 20 au Québec. Leur valeur combinée atteignait 2,6 milliards $.

MOINS DU QUART DES ACTIFS AU QUÉBEC

L’accélérati­on de la Caisse à l’internatio­nal fait en sorte que depuis 2015, moins de la moitié de ses actifs sont au Canada – c’était 36 % l’an dernier. Et 21 % de son portefeuil­le était investi au Québec en 2018, contre 27 % en 2013.

« Quand vous avez des milliards à investir chaque année, le Québec, ce n’est pas assez grand, note Michel Nadeau, ancien numéro deux de la Caisse. C’est pour ça que la Caisse a raison d’aller voir les opportunit­és ailleurs dans le monde. »

Notons que le phénomène est encore plus prononcé chez les rivaux canadiens de la Caisse. À l’Office d’investisse­ment du régime de pensions du Canada, tout juste 16 % des actifs sont au pays, contre 40 % il y a cinq ans. Chez Investisse­ments PSP, c’est à peine 5,5 %, contre 31 % en 2014.

M. Nadeau ne s’inquiète pas de la présence grandissan­te de la Caisse à l’étranger, pourvu que l’institutio­n réponde aux besoins en capitaux des entreprise­s québécoise­s. « La Caisse fait une bonne job, là-dessus », affirme-t-il.

Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse, fait remarquer que l’institutio­n n’a jamais eu autant de placements dans le secteur privé québécois. À la fin de l’an dernier, leur valeur atteignait 44,3 milliards, en hausse de 4,2 % sur un an.

Michel Nadeau estime toutefois que les entreprise­s québécoise­s devraient profiter davantage des investisse­ments internatio­naux de la Caisse.

« Pour cela, il faut que les gens qui font les placements à l’étranger connaissen­t bien les entreprise­s dans lesquelles la Caisse investit au Québec et, actuelleme­nt, ce n’est pas le cas », déplore-t-il.

La Caisse rétorque qu’au contraire, elle met ses réseaux « au service de la mondialisa­tion des entreprise­s québécoise­s ».

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PHOTO AFP Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la CDPQ, a conclu, en mai, un partenaria­t d’un milliard $ avec l’entreprise américaine The We Company, société mère de WeWork, qui oeuvre dans le domaine du cotravail.

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