Le Journal de Montreal

Les friperies font des affaires d’or grâce à l’environnem­ent

Des boutiques québécoise­s profitent du nouvel engouement des consommate­urs

- DAVID DESCÔTEAUX Collaborat­ion spéciale Street Journal. Wall

Quand on réalise que fabriquer 1 kg de vêtements génère 23 kg de gaz à effet de serre (pesticides dans les champs de coton, irrigation, eaux usées par les teintures, etc.), acheter des vêtements de seconde main devient non seulement un choix logique sur le plan financier, mais aussi sur le plan environnem­ental.

Et contrairem­ent aux idées reçues, on peut trouver dans les friperies des vêtements de grande qualité.

« Je ne me suis jamais aussi bien habillée de ma vie ! Je porte les marques que j’aime et si j’ai besoin d’une robe de soirée pour un événement, je peux en trouver une d’un designer pour 12 $ ! », dit Caroline Bellerose, de Candiac, qui tient le blogue Vie de friponne et qui court les friperies en Montérégie.

DES AFFAIRES D’OR AUX ÉTATS-UNIS

« Au début, c’était pour payer moins cher, mais avec le temps c’est aussi devenu un geste environnem­ental, pour diminuer la pollution. On jette beaucoup trop de textile au Québec », dit-elle.

Grâce à internet, les friperies sont maintenant accessible­s en ligne, ce qui permet de « fouiller » dans les vêtements avec notre souris, sans quitter le domicile. Et ces friperies en ligne ont la cote.

Aux États-Unis, une entreprise comme RealReal qui revend des vêtements et accessoire­s de luxe comme des souliers, des sacs à main et des bijoux est entrée en bourse en juin.

Sa valeur boursière ? Pas moins de 1,3 milliard de dollars US ! L’entreprise s’attend à vendre pour plus d’un milliard de dollars US cette année, selon le

De grandes chaînes comme Macy’s et J. C. Penney, ayant flairé le coup, ont même décidé de s’associer avec la friperie en ligne thredUP pour offrir des vêtements usagés dans quelques-unes de leurs boutiques.

… ET AU QUÉBEC

Le phénomène croît également au Québec. Outre les sites d’échange comme Kijiji ou les groupes Facebook, des sites de revente en ligne tirent leur épingle du jeu.

Deuxième Édition, qui a été fondée par l’entreprene­ure Catherine Paiement-Paradis, a vu son chiffre d’affaires exploser depuis ses débuts en 2015.

« Aujourd’hui, je vends en une journée mon chiffre d’affaires d’un mois entier il y a quatre ans ! Les gens veulent de moins en moins acheter du neuf ou des vêtements fabriqués en Chine. Et s’ils achètent un morceau fabriqué hors Québec, ils préfèrent qu’il soit de seconde main », dit-elle.

Son entreprise se spécialise dans les vêtements et accessoire­s de luxe.

« Une cliente est venue récemment acheter un manteau de cuir Chanel, doublé en mouton. Il était comme neuf et on l’a vendu 1200 $. Mais il en valait environ 12 000 $... J’ai beaucoup de clientes qui en profitent pour s’offrir des vêtements qu’elles n’auraient pas pu s’offrir, je démocratis­e en quelque sorte la mode de designer et la haute couture ! », raconte-t-elle.

Deuxième Édition et d’autres sites de revente en ligne achètent également des vêtements et des accessoire­s provenant de particulie­rs, ce qui permet à ces derniers de renouveler leur garde-robe à moindre coût, tout en apaisant leur conscience environnem­entale...

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PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD Catherine Paiement-Paradis, dans les locaux de son entreprise, Deuxième Édition, sur la rue Beaubien Est, à Montréal.

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