Le Journal de Montreal

Le couple d’Anjou trouvé mort voulait demeurer à la maison

Les services sociaux lui ont plusieurs fois suggéré de considérer l’hébergemen­t

- ANTOINE LACROIX

Le couple de personnes âgées retrouvées sans vie après des semaines à Anjou l’an dernier voulait à tout prix demeurer à la maison, contre l’avis des services sociaux qui leur suggéraien­t d’aller en hébergemen­t.

« Ils voulaient demeurer ensemble, à leur domicile, le plus longtemps possible. [...] Le couple a refusé l’aide du CLSC, se disant suffisamme­nt autonome », a noté la coroner Julie-Kim Godin dans son rapport sur les décès de Roger Roch, 87 ans, et sa femme Melitta, 86 ans.

Le décès tragique des deux amoureux avait fait réagir l’année dernière, après qu’une voisine sans nouvelles d’eux s’est inquiétée.

Ils avaient été trouvés le 5 septembre 2018 dans leur domicile, dans un état de putréfacti­on avancée, après plusieurs semaines sans avoir reçu de visite.

Selon l’enquête de la coroner, le couple vivait « dans un milieu à risque qui n’était probableme­nt pas adapté à leur condition de santé et à leurs besoins ».

Roger Roch était mal en point, en grande Le domicile des victimes.

perte d’autonomie et devait être accompagné dans ses déplacemen­ts. Il souffrait d’Alzheimer sévère, de troubles neurocogni­tifs et d’un cancer de la vessie avancé.

« [Sa conjointe qui jouait le rôle de proche aidante] présentait des signes d’épuisement généralisé. Elle se disait elle-même épuisée, mais tout de même capable de s’occuper de son conjoint », a écrit la coroner.

Or, dans les mois qui ont précédé leur mort, les deux octogénair­es se sont fait proposer plusieurs fois de considérer l’hébergemen­t, ou du moins d’avoir des services à domicile pour faciliter leur vie.

Dès avril 2018, une travailleu­se sociale avait « conclu que le maintien à domicile était à risque ». Fin juillet, on « a jugé que M. Roch avait un besoin d’aide totale et permanente pour ses activités de la vie quotidienn­e ». Malgré tout, le couple a refusé en bloc toute l’aide suggérée.

Le 3 août est la dernière fois que les services sociaux sont allés chez les victimes, sans obtenir de réponse. La coroner souligne qu’ils n’ont pas eu de visite jusqu’à ce qu’ils soient trouvés.

CHANGEMENT­S AU CIUSSS

Le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, qui suivait le couple, assure avoir effectué des changement­s dans leurs procédures depuis la tragédie, « notamment lorsqu’une personne ne répond pas à la porte dans le cadre d’une visite à domicile ».

« Tout a rapidement été mis en place afin d’éliminer toute situation à risque pour notre clientèle à domicile », indiquet-on par courriel.

La coroner conclut son rapport en précisant qu’il n’a pas été possible de déterminer les causes précises des décès, ni laquelle des deux victimes est morte la première.

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PHOTO D’ARCHIVES

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