LA DÉCONSTRUCTION DES DOLPHINS
Dans le sport professionnel, il est commun de parler de reconstruction quand une équipe liquide ses joueurs d’expérience pour repartir sur un virage jeunesse. Dans le cas des Dolphins de Miami, c’est avec acharnement que le vestiaire a été dynamité, laissant un cratère béant en guise d’alignement. Une déconstruction d’une rare amplitude bat son plein.
Après deux semaines, les Dolphins ont déjà accordé 102 points, un record peu enviable de médiocrité qui les place à égalité avec les Saints de 1973. De leur côté, ils n’ont inscrit que 10 points. Les projections sont souvent futiles, mais à ce rythme, ils battront à la fois la marque du plus bas nombre de points marqués établi par les Seahawks de 1992 (140 points) et celle de la plus grosse orgie de points accordés, soit les 533 par les Colts de 1981.
Tous comprennent jusqu’à un certain point la logique derrière. En offrant un produit minable, les Dolphins tentent de s’assurer de mettre la main sur le premier choix au prochain repêchage, qui promet déjà une excellente cuvée de quarts-arrières.
Il faut dire que dans ce département, depuis la retraite du grand Dan Marino en 1999, cette équipe a aligné une brochette de sinistres incompétents pour prendre la relève. Miami est devenue la Sibérie des quarts-arrières, le grand trou noir du spectacle aérien.
PARI RISQUÉ
Donc, oui, on peut comprendre le désir de repartir à zéro et de manière plus prononcée que jamais auparavant. Après tout, mieux vaut se sortir de cette perpétuelle quête du seuil minimum de respectabilité, qui a mené les Dolphins à patauger trop longtemps dans son marasme inodore et incolore de 7-9 ou de 8-8.
Cependant, à vouloir tout jeter par terre sans autre considération que d’accumuler du capital au repêchage, les Dolphins ne peuvent garantir qu’ils se sortiront de l’abysse colossal dans laquelle ils plongent béatement. Parlez-en aux Browns, pour qui les nombreuses tentatives de reconstruction ont longtemps abouti sur des bases toujours plus vacillantes que les précédentes.
EN MISSION POUR TUA
Advenant le cas où le quart-arrière Tua Tagovailoa (Alabama) soit l’élu au premier rang du prochain repêchage, dans quel état de désolation trouvera-t-il son futur vestiaire ? Quelles seront les cibles pour le mettre en valeur ? Qui, dans le champ arrière, lui enlèvera la pression sur les épaules ? Et surtout, quel joueur de ligne offensive indigne de la NFL assurera la protection de ce potentiel joyau ?
On en vient même à croire, en exagérant à peine, que ce cher Tua pourrait exiger de ne pas jouer à Miami, question de prolonger son espérance de vie !
Il ne faut surtout pas croire que parce que les Dolphins ont de nomleurs breux choix au repêchage, toutes lacunes seront comblées. Certains choix se révéleront les jalons de cette nouvelle fondation tant souhaitée, mais d’autres sombreront vite dans les abîmes de l’oubli. Dans un repêdu chage, c’est inévitable.
En attendant, les Dolphins nous implorent le plus sérieusement monde de les croire quand ils prétendent ne pas avoir lancé la serviette sur la saison en cours. Faudrainstaurer t-il que la ligue en vienne à une loterie pour le premier choix afin de s’assurer qu’aucune équipe ne se prête à une aussi affligeante séance d’automutilation collective ?
Difficile de comprendre comment un entraîneur comme Brian Flores a pu s’embarquer dans une telle galère. Quand la lumière poindra au bout du tunnel, qui sait s’il sera encore sur place pour en jouir.
Difficile de ne pas sympathiser avec les joueurs qui restent et qui servent de chair à canon dans une cause perdue. Idem pour les partisans qui ne profitent d’aucun escompte au Hard Rock Stadium pour assister, impuissants, à cette désolante mascarade.