LES 4 PLUS GROSSES BAVURES
Le trajet de Sandra ne devait pas la conduire là
Selon la théorie des policiers, qui a été 1 confirmée dans les « aveux » des suspects, Sandra Gaudet aurait passé devant l’appartement de Laurent Taillefer pour retourner chez elle, et c’est à ce moment qu’elle a été abordée par les deux suspects.
Or, lors de l’enquête, les policiers ont découvert qu’elle avait parlé avec une amie avant de quitter le domicile de son copain et avait convenu d’aller la rejoindre chez une dame où elle gardait des enfants, Monique Valcourt. Si Sandra avait bel et bien tenté de rejoindre son amie chez Mme Valcourt, elle n’aurait logiquement jamais croisé l’appartement de Laurent Taillefer puisque ce trajet aurait été un détour pour elle.
Qui plus est, un bout de papier sur lequel était inscrit le numéro de téléphone de la résidence de Mme Valcourt a été retrouvé dans la poche de son jeans… le 23 avril. Autrement dit, un premier policier qui a « examiné » ses vêtements n’a pas trouvé le bout de papier, et les experts du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale, chargés d’en faire une analyse exhaustive, ne l’ont pas non plus découvert. Plus d’un mois après la découverte du corps, un autre agent a finalement trouvé le numéro dans la poche. Cette information n’a toutefois pas été jugée importante par les enquêteurs.
Des morsures non mesurées en guise de preuve physique
2 Les seins et les parties génitales de Sandra Gaudet portaient des traces de morsure. Les enquêteurs ont tout fait pour savoir si les empreintes des dents sur la poitrine de l’adolescente correspondaient à celles de l’un de leurs suspects. Lors du procès, un chirurgien-dentiste et consultant au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale est venu témoigner en affirmant que les morsures avaient été faites par Hugues Duguay, « hors de tout doute raisonnable ». C’était alors le premier et seul élément de preuve physique que les enquêteurs avaient pu récolter pour placer les accusés sur la scène de crime.
Or, appelé à témoigner de nouveau quelques années plus tard, l’expert a admis ne jamais avoir pris de mesures des morsures. Dans une demande d’appel, un juge avait indiqué que le chirurgien-dentiste avait un problème de « crédibilité évident ».
Le jury n’a pas été séquestré
3 Pendant le procès, lorsque les journées étaient terminées, le juge avait permis aux membres du jury d’écouter la télévision et la radio alors qu’ils étaient « séquestrés ». Les jurés avaient même facilement accès à un téléphone. Il s’agit d’une pratique plutôt curieuse, puisque les membres d’un jury doivent normalement entendre et voir uniquement ce qui est admis dans une salle de cour lors d’un procès, sans quoi leur opinion pourrait être influencée.
Un soir, pendant le procès, un juré a même téléphoné au domicile d’un témoin clé de l’enquête. Il voulait avoir des précisions concernant un cri que la dame aurait entendu le soir où Sandra Gaudet aurait été tuée.
Les témoins
4 De nombreux témoins clés n’ont pas été entendus durant le procès. Certains auraient pu confirmer des éléments clés de l’enquête, comme le fait que Billy Taillefer et Hugues Duguay n’étaient pas à Val-d’Or le soir du meurtre, mais bien chez eux à Senneterre, à plus de 65 kilomètres au nord-est, ou que le véhicule rouge qui a servi à amorcer l’enquête n’était pas celui de Laurent Taillefer. Lors de l’enquête préliminaire, l’avocat de la défense a demandé à ce qu’on lui remette la liste des 100 témoins interrogés par les enquêteurs. Le procureur de la Couronne a refusé, invitant plutôt son confrère à faire une annonce à la radio s’il souhaite trouver des témoins.