La vie sexuelle avec son ex
De nombreux essais philosophiques, scientifiques ou encore d’opinions dénotent que l’être humain est, somme toute, un être d’habitudes. Il aimerait la surprise, mais préférerait sa zone de confort. À ce sujet, nous pouvons nous demander s’il en est de même au sujet du sexe et, donc, si nous avons intérêt à continuer de vivre des relations sexuelles avec notre expartenaire. Certains en vantent les bienfaits, tandis que d’autres s’y opposent férocement.
Crises de larmes, désillusion, désespoir ou colère, les émotions sont bien nombreuses et varient en intensité. Loin d’être insignifiantes, ces douleurs laissent des traces.
« Douleurs au ventre, dans la poitrine, sensation d’écrasement, chronique ou brève… Les individus peinés décrivent des symptômes précis, indique le neurobiologiste et neurologue Jean-Antoine Girault. Toutes les sensations subjectives s’accompagnent de modifications d’activité cérébrale. Des causes purement “psychologiques” à l’origine — comme le deuil ou la séparation amoureuse — peuvent s’accompagner de sensations physiques localisées. Cela ne veut pas dire que l’organe concerné est malade. En revanche cela peut entraîner des troubles sérieux, telle la dépression, qui peuvent devenir une véritable maladie. Le siège est dans le cerveau, pas dans les organes où la sensation est ressentie », insiste JeanAntoine Girault .
Conserver des relations avec l’ex pour se prémunir de la violence de cette peine ? C’est du moins ce que Sharon (prénom fictif) a vécu avec son ex : « J’ai aimé cette femme au plus haut point. Elle représentait non seulement mon rêve, elle était tout pour moi. Ma première blonde, mon premier amour, ma première baise. Quand elle m’a quitté, j’étais dévastée. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, j’étais toujours triste. Et un jour elle est revenue vers moi pour me demander si on pouvait se voir, à l’occasion, juste pour faire l’amour. Je n’ai pas pu refuser. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’ai réussi à faire mon deuil de cette manière-là. Ça a pris deux ans, mais finalement, c’est moi qui ai fini par prendre mes distances. »
LE FAIRE OU NE PAS LE FAIRE ?
À en croire une récente recherche environ une personne sur quatre coucherait encore avec son ex dans les mois qui suivent une séparation. La sagesse populaire y voit une bien mauvaise idée. Pourtant, les résultats obtenus par Stephanie Spielmann, de l’université Wayne State, et ses collègues battent en brèche cette croyance.
Selon eux, ces petits extras charnels n’empêchent pas de récupérer d’une rupture. Pendant un mois, les chercheurs ont suivi une centaine de personnes qui venaient de se séparer. Chaque jour, celles-ci devaient remplir une série de questionnaires évaluant différents paramètres psychologiques, et noter leurs tentatives d’engager un rapport sexuel avec leur ex.
En première approximation, les chercheurs considèrent ce dernier facteur comme représentatif de l’activité sexuelle réelle, car une autre enquête, menée auprès de 372 personnes, a révélé que de telles tentatives sont couronnées de succès dans environ 85 % des cas. Ces retrouvailles ponctuelles offriraient une sorte de période de transition, pour atterrir plus en douceur.
Ce qui ne signifie pas forcément qu’il faut en faire une pratique durable, avertissent les chercheurs :
« Nous ignorons les implications à long terme de poursuivre une activité sexuelle avec des ex, en particulier quand l’un des deux partenaires recherche de nouvelles relations ou, à l’inverse, est encore éperdument amoureux, » souligne Guillaume Jacquemont
Et vous, seriez-vous en faveur de poursuivre les relations sexuelles avec votre ex ?
√ Jean-Antoine Girault. Chagrin d’amour, La science du coeur brisé : les effets concrets d’une rupture amoureuse sur le cerveau. 20 mars 2015.
√ Stephanie S. Spielmann, Samantha Joel, Emily A. Impett. Pursuing Sex with an Ex: Does It Hinder Breakup Recovery? Archives of Sexual Behavior, 2018.
√ Guillaume Jacquemont. Le sexe avec son ex : bonne ou mauvaise idée ? 11 décembre 2018.