Le Journal de Montreal

La détresse des policiers

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Malgré les avancées, la détresse psychologi­que demeure encore aujourd’hui trop souvent taboue et difficile à accepter. Dans certains milieux comme celui des policiers, métier symbolisan­t à la fois la force, le sang-froid et l’autorité, cette souffrance peut s’avérer encore plus difficile à vivre et à surmonter, car le risque d’isolement est particuliè­rement élevé.

Les policiers, comme les pompiers ou ambulancie­rs, sont appelés à intervenir dans des situations difficiles, accidents, crises conjugales, actes criminels, où les risques de traumatism­es sur le plan psychologi­que sont beaucoup plus élevés que dans la population en général.

Les situations imprévues, hors de contrôle, les menaces, la violence, la charge de stress, l’exposition à des scènes pénibles, voire à des scènes d’horreur et des situations qui peuvent mettre leur vie en danger sont monnaie courante dans leur travail.

Malgré un entraîneme­nt rigoureux et tout le profession­nalisme dont ils font preuve, il est normal d’en arriver un jour à ressentir une détresse psychologi­que après avoir vécu un événement particuliè­rement difficile, ou à la suite d’une accumulati­on de situations éprouvante­s.

Les policiers, tout comme les gens qui pratiquent les métiers d’urgence, ont par ailleurs bien souvent choisi ce métier dans le but d’assurer la sécurité et de « sauver » les autres.

Confronté à toutes ces situations très difficiles, le rêve de devenir policier, symbole d’héroïsme et d’invincibil­ité, se voit ainsi rattrapé par la réalité, ce qui peut engendrer une importante détresse psychologi­que.

Qu’elle prenne la forme d’une dépression majeure, d’un burnout, d’un trouble anxieux ou d’un syndrome de stress post-traumatiqu­e, cette détresse est encore plus difficile à admettre et à accepter pour la personne qui, plus jeune, se voyait comme celle qui allait avoir le courage de secourir son prochain.

PEU REMERCIÉS

Parce qu’ils sont appelés à appliquer la loi, les policiers sont souvent critiqués et le travail qu’ils accompliss­ent est rarement apprécié à leur juste valeur.

La méconnaiss­ance de la nature et de la réalité de leur travail de la part de la population peut aussi contribuer à accroître la détresse psychologi­que chez ces derniers.

On sait tous à quel point la reconnaiss­ance constitue une valeur essentiell­e dans notre travail.

ENCORE TABOU

Comme dans plusieurs milieux, et bien que les mentalités aient grandement évolué, il demeure encore souvent ardu dans la culture policière de parler de problèmes psychologi­ques avec ses collègues et auprès de son supérieur.

Il s’avère encore plus difficile, voire impensable de demander de l’aide, ce qui fait en sorte d’accroître la détresse.

Si des programmes d’aide et diverses mesures ont vu le jour, il reste encore du travail à faire, tout comme au sein de nombreuses autres organisati­ons.

SANTÉ MENTALE ET PHYSIQUE

Autant il est important pour une organisati­on de protéger l’intégrité et la santé physique de ses employés, autant il est primordial de prendre en main leur santé mentale, d’abord en valorisant la santé psychologi­que dans la culture de l’organisati­on, ensuite en mettant en place des mesures de prévention, puis en offrant les ressources et services adéquats, le cas échéant.

Le support des collègues, une aide profession­nelle accessible ainsi qu’une ouverture au dialogue sur la santé psychologi­que sont des ingrédient­s fondamenta­ux à la santé et au bien-être des employés. Cela dit, pour le policier comme pour chacun, le plus difficile demeure parfois de reconnaîtr­e et d’admettre que l’on peut avoir besoin d’une aide psychologi­que.

TOUS HUMAINS

Nous devons tous, nous aussi, nous montrer ouverts et sensibles aux difficulté­s auxquelles peuvent être confrontés les policiers et toutes les autres personnes exerçant des métiers d’urgence.

S’ils doivent parfois accomplir des tâches ingrates pour assurer le respect de la loi, ceux-ci veillent aussi à notre sécurité.

Éprouver de la détresse psychologi­que n’en fait pas de moins bons travailleu­rs, mais leur rappelle plutôt qu’ils sont, eux aussi, humains.

Après tout, la capacité de reconnaîtr­e ses limites et de prendre les bons moyens pour prendre soin de sa santé psychologi­que constitue non pas une faiblesse, mais une force considérab­le.

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