L’ex-ambassadrice en Ukraine témoigne malgré l’interdiction
L’Américaine accuse Donald Trump d’avoir fait pression pour son brusque rappel
WASHINGTON | (AFP) Malgré la guerre déclarée par Donald Trump au Congrès américain, les démocrates ont poursuivi hier leur enquête pour constituer un dossier de mise en accusation (impeachment) du président républicain, avec l’audition très attendue d’une ancienne ambassadrice des ÉtatsUnis en Ukraine.
Le suspense avait duré toute la semaine sur la venue ou non de Marie Yovanovitch pour la première audition organisée au Congrès depuis que la Maison-Blanche avait annoncé mardi cesser toute coopération avec les investigations des démocrates.
Mais malgré l’interdiction de la Maison-Blanche, une brèche s’est ouverte pour l’opposition avec, coup sur coup, le témoignage de la diplomate et l’annonce que l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, acceptait de venir à son tour jeudi prochain.
« Nous comptons annoncer d’autres témoignages ces prochains jours », s’est réjoui l’un des parlementaires à la tête de l’enquête à la Chambre des représentants, Adam Schiff, dans une lettre aux élus démocrates. Dénonçant « l’obstruction de la part de la Maison-Blanche », il a de nouveau rappelé que faire entrave à leur enquête pourrait être retenu parmi les motifs de destitution à l’encontre de Donald Trump.
PRESSIONS ?
Avec l’audition de Mme Yovanovitch, les démocrates espéraient en apprendre davantage sur les pressions potentiellement exercées par Donald Trump sur l’Ukraine afin qu’elle cherche des informations compromettantes sur son potentiel rival démocrate
Joe Biden. Cette demande est au coeur de l’enquête ouverte par l’opposition en vue d’une procédure de destitution contre le milliardaire.
Dans le dossier Yovanovitch, les démocrates cherchaient plus précisément à établir si la diplomate avait perdu son poste parce qu’elle n’avait pas coopéré avec la campagne menée par l’avocat personnel de M. Trump, Rudy Giuliani, pour pousser Kiev à enquêter sur les Biden.
À huis clos, la diplomate nommée en Ukraine en 2016 sous le président Barack Obama a affirmé que Donald Trump avait fait pression durant des mois pour son rappel à Washington sur la base de « fausses accusations ».
« CAMPAGNE CONTRE MOI »
À l’époque, le numéro deux du département d’État américain, John Sullivan, lui avait expliqué qu’il existait une « campagne coordonnée contre moi, et que le département était sous la pression du président pour me renvoyer depuis l’été 2018 », a-telle déclaré aux élus.
Cet été, Donald Trump avait justement critiqué Mme Yovanovitch lors d’un échange téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Donald Trump avait déclaré que l’ancienne ambassadrice « n’annonçait rien de bon ». Et d’ajouter : « Il va lui arriver des choses ».