Trump appelle à la trêve alors que Damas déploie ses troupes
Le président américain annonce des sanctions contre la Turquie
WASHINGTON | (AFP) Le président américain Donald Trump a durci le ton hier face à la Turquie, l’appelant à mettre fin à son opération militaire en Syrie et annonçant une série de sanctions au moment où les troupes syriennes se déployaient dans le nord du pays.
Les sanctions américaines signées hier par M. Trump visent les ministres turcs de l’Énergie, de la Défense et de l’Intérieur. Leurs avoirs aux États-Unis sont gelés et leurs transactions internationales en dollars sont bloquées.
« Les États-Unis veulent que la Turquie mette fin à l’invasion, mette en oeuvre un cessez-le-feu immédiat et commence à négocier avec les forces kurdes en Syrie », a indiqué le vice-président américain Mike Pence qui a précisé qu’il se rendrait bientôt en Turquie.
Cibles d’une offensive turque meurtrière et abandonnées par leurs alliés américains, les forces kurdes se sont tournées vers les troupes de Damas qui se sont rapprochées hier de la frontière.
L’opération militaire turque vise à instaurer une « zone de sécurité » de 32 km de profondeur pour séparer la frontière turque des territoires contrôlés par les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qualifiée de « terroriste » par Ankara, mais soutenue par l’Occident.
VÉRITABLE RETOURNEMENT
Sous la couverture de l’aviation, les forces turques et leurs alliés ont conquis une bande frontalière longue d’environ 120 km, allant de la ville de Tal Abyad jusqu’à l’ouest de Ras al-Aïn.
Hier, les forces du régime se sont déployées au sud de Ras al-Aïn, à la périphérie de la ville Tal Tamr.
Des unités de l’armée sont désormais à 6 km de la frontière, a dit l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des chars sont aux abords des villes de Tabqa et de Aïn Issa.
Et pour la première fois depuis 2012, l’armée syrienne est entrée dans la ville de Minbej, contrôlée par un conseil militaire affilié aux Kurdes.
L’intervention du régime de Bachar al-Assad est un véritable retournement de situation illustrant la complexité de la guerre syrienne.
Le régime, qui a longtemps opprimé les Kurdes, a ensuite fustigé l’autonomie de facto instaurée par cette minorité ethnique sur près d’un tiers du territoire dans le nord et le nord-est du pays à la faveur du conflit.
« Entre les compromis et le génocide de notre peuple, nous choisirons la vie », a dit Mazloum Abdi, le haut commandant des FDS, pour justifier l’accord avec le régime.
Depuis le début de l’offensive turque, 133 combattants kurdes et 69 civils ont été tués, ainsi que 108 rebelles proturcs, selon l’OSDH.