Des manoeuvres illégales sur l’Acadie
L’intersection avec la rue Jarry est mal configurée, selon des cyclistes qui la traversent en diagonale
Des dizaines et des dizaines de cyclistes traversent illégalement une artère achalandée de Montréal, stressant les automobilistes qui empruntent cette voie achalandée.
Les automobilistes qui tournent à gauche sur le boulevard l’Acadie en provenance de la rue Jarry ont normalement priorité. Pourtant, des dizaines de cyclistes qui arrivent de Mont-Royal traversent l’intersection en diagonale et se faufilent entre les véhicules pour gagner du temps (voir carte ci-haut).
Légalement, les cyclistes sont obligés de continuer leur chemin du côté nord de Jarry. Le camionneur Marc-André Sanscartier trouve qu’ils devraient en effet traverser en deux temps, comme la loi l’oblige.
« C’est insouciant et dangereux », affirme-t-il.
David Arias, résident de Villeray–
Saint-Michel-Parc-Extension, fait partie des cyclistes qui effectuent cette manoeuvre presque chaque jour. Il utilise son vélo pour se rendre au bureau dans l’arrondissement Saint-Laurent, où se trouve le deuxième plus grand bassin de travailleurs à Montréal.
Tout se complique au retour du travail, car il n’y a pas de passage pour piétons (voir pointillé jaune sur la carte) pour traverser l’intersection en ligne droite vers l’est. Deux options s’offrent aux cyclistes :
√ Traverser l’intersection en deux temps, ce qui peut prendre trois minutes (lignes vertes sur la carte).
√ Traverser illégalement la rue en diagonale (ligne rouge sur la carte). David Arias, lui, n’hésite pas à traverser en diagonale puisque c’est plus rapide et efficace.
« Ce n’est pas logique de traverser en deux temps, donc personne ne va le faire », croit-il.
Et David n’est pas le seul à effectuer cette manoeuvre. En moins d’une heure, j’ai vu plus de 50 cyclistes traverser de cette façon, en pleine heure de pointe.
David Arias souhaite qu’un passage pour piétons soit implanté au sud de Jarry. Les cyclistes arrivant de l’ouest pourraient ainsi traverser légalement l’intersection en ligne droite.
Pour un tel aménagement, il faudrait entre autres modifier le marquage au sol et les panneaux de signalisation, mais aussi ouvrir une partie de la clôture de MontRoyal et ajouter un trottoir autour de cette nouvelle entrée.
PAS QUESTION...
« On a un problème qui est facile à régler, la solution est là », estime le cycliste.
J’ai contacté l’administration de MontRoyal, qui ne compte pas aller de l’avant avec cette suggestion.
« La configuration actuelle, si elle est respectée, permet une protection maximale des piétons et des cyclistes », a confirmé un porte-parole par courriel.
Montréal pense, elle aussi, « que la sécurité des lieux est assurée, pourvu que les usagers respectent le Code de la sécurité routière. »
Mais de toute évidence, les cyclistes ne suivent pas les indications, comme j’ai pu le constater…
UN FEU PIÉTONS/CYCLISTES
L’Association des piétons et cyclistes de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension propose pour sa part un feu de circulation seulement pour les piétons et les cyclistes. Implanter un feu exclusif n’est pas la bonne solution, croit la spécialiste en sécurité routière, Marie-Soleil Cloutier.
« Ça coûte plus cher à la Municipalité en termes de temps, de trafic et de probabilité de congestion que d’ouvrir la clôture et de faire une deuxième porte », indique-t-elle.
Le Dr Patrick Morency, associé à la Direction de la santé publique de Montréal, rappelle que les blessures chez les cyclistes et les piétons sont concentrées sur les grandes artères, où il y a plus de deux voies de circulation.