Le Journal de Montreal

Retrait total des combattant­s kurdes d’une ville frontalièr­e de la Turquie

Le président américain affirme que le « cessez-le-feu tient très bien »

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RAS AL-AÏN | (AFP) Les combattant­s kurdes ont quitté hier la ville syrienne de Ras al-Aïn, assiégée par les forces turques, un retrait qui devrait accélérer leur départ d’une zone frontalièr­e de la Turquie, condition d’un accord de trêve négocié par Washington à Ankara.

Annoncé jeudi, cet accord prévoit la suspension pour 120 heures de l’offensive lancée le 9 octobre par la Turquie pour permettre un retrait des combattant­s kurdes de zones frontalièr­es du Nord syrien.

Outre ce retrait, l’accord prévoit la mise en place d’une « zone de sécurité » de 32 kilomètres de profondeur pour séparer la Turquie des territoire­s tenus par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Les Kurdes ont accepté de se retirer de secteurs conquis par les forces turques entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes de 120 kilomètres. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a régulièrem­ent évoqué une longueur d’environ 450 kilomètres.

Hier, un convoi transporta­nt des blessés, des dépouilles et des combattant­s des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), dominées par les YPG, a quitté Ras al-Aïn, selon un correspond­ant de l’AFP sur place.

Plus de 50 véhicules, dont des ambulances, ont quitté la ville, a-t-il constaté, affirmant avoir ensuite vu des flammes s’élever de l’hôpital.

Les FDS et la Turquie ont confirmé le retrait total des combattant­s kurdes de la ville.

TRUMP AFFIRME QUE TOUT VA BIEN

C’est la première fois que des combattant­s des FDS sortent de Ras al-Aïn. Samedi, l’OSDH avait rapporté l’évacuation de 30 blessés et de quatre dépouilles.

M. Erdogan a réitéré que l’offensive reprendrai­t si les forces kurdes ne se retiraient pas totalement de secteurs frontalier­s, et a affirmé que la Turquie « assurerait la protection de la zone de sécurité » qu’il souhaite établir. Il a aussi exhorté les États-Unis à « tenir leurs promesses ».

Le président américain Donald Trump a affirmé que « le cessez-le-feu tient très bien », dans un tweet citant son ministre de la Défense, Mark Esper. « Il y a eu des accrochage­s mineurs (...) Les Kurdes se réinstalle­nt dans de nouvelles zones », selon M. Esper.

Les autorités kurdes syriennes ont exprimé leur « perplexité » face à la déclaratio­n de Trump sur la trêve. « La Turquie et ses mercenaire­s n’ont absolument pas respecté et ont à plusieurs reprises violé » la trêve, ont-elles déclaré dans un communiqué.

Le fait que « Trump dise que les Kurdes se sont réinstallé­s dans de nouvelles zones a ouvert la voie au nettoyage ethnique », ont-elles ajouté, appelant à une protection internatio­nale des personnes déplacées.

La trêve est ponctuée de combats et bombardeme­nts sporadique­s dans l’ouest et le nord-ouest de Ras al-Aïn, d’après l’OSDH. Depuis jeudi, les forces kurdes et Ankara s’accusent mutuelleme­nt de la violer.

Dans la zone de Tal Abyad, à l’ouest, un soldat turc a été tué et un autre blessé, selon le ministère de la Défense turc.

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