La tranquillité d’esprit contre l’anxiété financière
Quelle idée d’inaugurer une chronique de finances personnelles dans Le Journal en cette journée électorale ! Pour marquer le coup, la chose naturelle serait de faire le lien entre l’urne et votre portefeuille.
Les politiciens ne s’en sont jamais privés, eux, mais depuis quelques élections, cela a pris une tournure franchement grotesque avec la multiplication de « petites » promesses destinées à la classe moyenne. Des boîtes à lunch pour les enfants à la facture des vacances estivales, le plus banal aspect de l’économie familiale est désormais présenté comme un enjeu national.
NOUS PREND-ON POUR DES CAVES ?
La vérité : le lien entre l’état de nos finances personnelles et la couleur des gouvernements n’est pas si évident. Oui, il y a toujours des politiques qui soulagent, mais au cours des dernières années, les baisses d’impôt et la bonification de l’aide financière aux familles n’ont pas changé grand-chose dans le portrait général. Études après sondages, on fait état d’un endettement à la hausse, d’épargne retraite toujours plus maigrichonne et d’un nombre effarant de gens vivant de paye en paye.
Alors, faut-il compter sur le gouvernement pour s’enrichir ? Je dis « non ».
C’est ici que vous vous dites : « Mais c’est qui, lui ? » J’arrive du journal
Les Affaires où j’ai traité de finances personnelles durant plus de 17 ans. Là-bas, j’ai profité d’un point de vue privilégié sur les problèmes d’argent en tout genre et sur ce qui les cause. J’en suis arrivé à quelques constats dont j’aimerais vous faire part pour briser la glace.
Voyez cela comme un échantillon de mes sujets de prédilection sur lesquels je reviendrai.
1 LE CONSEIL FINANCIER
D’abord, les bons conseils financiers sont difficiles d’accès. Il y a certes des professionnels compétents dans les institutions financières, mais ils oeuvrent dans des structures régies par une logique de vente. Le personnel est encouragé à proposer du crédit (cartes, marges et hypothèques), des assurances inutiles et des produits de placement aussi chers qu’inappropriés. Il arrive aussi que le conseiller soit juste mauvais.
2 L’IMPÔT
L’impôt coûte cher, et la fiscalité est compliquée. Ne comptez pas sur moi pour m’époumoner contre les « taxes », ce créneau est déjà fort bien comblé. Par contre, qu’est-ce que ça m’énerve de constater que des gens, ils sont légion, paient plus d’impôt qu’ils ne devraient sur le cours d’une vie ! Parce que le système est excessivement complexe et rigide, même pour les comptables et les fiscalistes ! La loi sur l’impôt est un monstre.
3 LE CRÉDIT
Parlant de montres, les agences de crédit comme Equifax et Trans-Union sont des vampires, il faut s’en méfier. Le business de la cote de crédit est une arnaque.
Les vendeurs sont partout, presque autant que le Bon Dieu en fait. Ils lorgnent l’argent que nous avons dans nos poches et celui que nous n’avons pas encore gagné (ça s’appelle le crédit). Leur stratégie : se subsister à notre bon jugement dans la définition de nos besoins.
4 L’ÉPARGNE
L’épargne, c’est comme faire du sport. Le plaisir vient avec le temps. Si on ne l’a pas pratiqué dans sa jeunesse, c’est pénible de s’y mettre plus tard. C’est toutefois possible, on a vu des fumeurs bien enveloppés de 50 ans se convertir au marathon. Cela dit, plus on s’y prend tôt, plus ce sera facile et rentable.
Tout le monde se croit brillant en investissement… jusqu’au jour où la bourse plante. Les marchés grimpent de manière presque ininterrompue depuis bientôt 10 ans, ce qui crée un excès de confiance, particulièrement chez les plus jeunes investisseurs qui n’ont jamais connu de véritable correction (jusqu’à récemment avec les actions du cannabis). Il faut une tempête pour prendre la mesure de sa véritable tolérance au risque.
Le but ultime de la finance personnelle, ce n’est pas d’être riche. C’est d’avoir la paix d’esprit. La tranquillité, c’est le luxe le plus sous-estimé du monde. Très heureux d’être ici avec Le Journal.
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