RONA est en pleine… déconstruction
Des mises à pied par-ci, des fermetures de magasins par-là, des grands boss limogés, des fournisseurs inquiets, des postes transférés à l’étranger, des compressions budgétaires à gauche et à droite, une dévaluation du tiers de la valeur de la compagnie, un siège social de plus en plus transformé en banale succursale…
Pis encore, les engagements de Lowe’s envers le maintien du coeur des activités de RONA au Québec n’auraient qu’une durée de cinq ans, rapportait cette semaine mon collègue Philippe Orfali.
Comment peut-on croire qu’en une si courte période ces engagements allaient s’avérer bénéfiques à long terme pour les employés de RONA, les marchands-propriétaires RONA, les fournisseurs ?
La prochaine fois qu’un fleuron québécois fera l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) de la part d’une société étrangère, j’espère qu’on se rappellera l’acquisition de RONA par la multinationale américaine Lowe’s et de ses dramatiques conséquences sur l’entreprise.
J’espère qu’on se rappellera collectivement que les engagements de Lowe’s envers le Québec ressemblent de plus en plus à de la frime.
Et surtout, surtout, j’espère qu’on se rappellera à quel point il faut se méfier des leaders qui appuient la vente d’un fleuron québécois à une société étrangère.
POUR MÉMOIRE
Voici quelques-unes des « grandes » déclarations prononcées à la suite de la vente de RONA à la multinationale Lowe’s en 2016.
√ Robert Chevrier, président du conseil de RONA lors de la vente : « L’équipe de Lowe’s nous a présenté un excellent plan. »
√ Robert Sawyer, PDG de RONA à l’époque : « RONA sera entre bonnes mains avec Lowe’s et aura de nouvelles opportunités et ressources pour faire croître ses marques et grandir à partir de ses acquis. » √ Phillipe Couillard, ex-premier ministre : « Le Québec doit favoriser une économie ouverte aux marchés étrangers. »
√ Selon Dominique Anglade, ex-ministre de l’Économie, la transaction serait bénéfique pour le Québec. √ Françoise Bertrand, ex-présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec : « Nous avons des entreprises d’ici au Québec qui gagne du terrain dans d’autres juridictions. Il faut accepter l’inverse. » √ Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat : « C’est la réalité du marché international des capitaux. »
√ Éric Tétrault, ex-président de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) : « Je n’ai pas de raison d’être inquiet à l’heure actuelle. Les jobs restent au Québec, les magasins restent ouverts. »
ET SURTOUT…
N’oublions jamais le rôle clé que la Caisse a joué dans la vente de RONA à Lowe’s.
C’est le PDG Michael Sabia qui a donné l’aval à la transaction en s’engageant auprès de Lowe’s à déposer le bloc d’actions de RONA que la Caisse détenait. Son motif : « Le secteur (quincaillerie) est en pleine consolidation dans toute l’Amérique du Nord. RONA n’était pas très bien positionnée. La meilleure façon de protéger notre capital était de déposer nos actions. »
Le mot de la fin au président du Conseil du trésor, Christian Dubé, qui était vice-président Québec de la Caisse à l’époque de la transaction.
« En cédant ses actions de RONA à Lowe’s, la Caisse a réussi, a-t-il déclaré, à garder l’équilibre entre le développement économique du Québec et le rendement pour ses déposants. »
À quand un mea culpa de tout ce beau monde ?