CARBURER À LA PASSION
Libre à quiconque de croire ou non au karma et au destin. Alex Belzile y croit. Plus que jamais depuis qu’il enfile l’uniforme du Rocket de Laval.
L’attaquant québécois de 28 ans apparaît pour l’une des premières fois de sa carrière sur le radar d’une équipe de la LNH. Celle de son enfance : le Canadien.
Ayant continuellement progressé depuis son arrivée chez le Rocket sous les ordres de Joël Bouchard, il apparaît sur la courte liste des joueurs pouvant être rappelés par le Tricolore si le besoin se faisait sentir d’ici quelques semaines.
Selon la ferveur populaire, Ryan Poehling trône évidemment au sommet de la courte liste. Mais avec les déclarations de l’entraîneur-chef du club-école cette semaine, le vaillant espoir aurait encore des croûtes à manger dans la Ligue américaine avant un rappel.
Un premier match officiel dans la grande ligue serait un cadeau obtenu à la sueur de son front pour Belzile. Jamais il n’a été repêché. Mais il n’a jamais pour autant baissé les bras et la tête. Il a foncé, espéré et travaillé d’arrache-pied à tous les échelons. Que ce soit dans l’une des cinq formations avec lesquelles il a évolué dans la Ligue de la Côte-Est ou les trois de la Ligue américaine.
L’attaquant carbure littéralement à la passion du jeu. Il a appris son métier à la dure, à des milliers de kilomètres de sa minuscule ville natale de Saint-Éloi, dans le Bas-Saint-Laurent.
S’il devait faire le grand saut dans la LNH, une étoile indiquant une recrue apparaîtrait au bout de son nom. À 28 ans… Dans une ligue où les jeunes ont la cote, où le pinacle d’une carrière ne cesse de dégringoler vers le milieu de la vingtaine.
« Les statistiques ne me touchent pas. Je ne me compare pas aux autres. Je fais mon petit bout de chemin. J’ai confiance en mon processus », signale-t-il dans une entrevue accordée au
« J’ai toujours la pédale au plancher. Je me donne à 100 %. Je n’ai pas le même parcours que les autres, ce qui fait en sorte que ma passion est différente, souligne-t-il. J’ai toujours été un nerd de hockey. J’en mange depuis que je suis tout jeune. Comme quelqu’un qui mange de la médecine. »
COMBINAISON
La passion et le travail, c’est ce qui a amené Belzile à cogner aux portes de la LNH, croit Bouchard. « Avec ces deux qualités, son jeu a progressé rapidement. Il faut ajouter le talent et le sens du hockey. Mais sa qualité primaire, c’est la passion », mentionne l’entraîneur, qui l’a perçue rapidement à leur première rencontre à l’aube de la campagne 2018-2019.
« Tout a commencé dans le groupe C sur l’autre patinoire, au camp du Canadien à Brossard, l’an passé, se rappelle-t-il. Je lui disais quoi faire, et il acceptait tout. Un gars qui écoute, c’est idéal. »
« Cale Fleury écoutait, poursuit-il. Il a fait ce qu’on disait. Il répondait toujours oui. Il faisait le travail. Il est avec le Canadien maintenant. »
Mais dans le cas de Belzile, Bouchard a affaire à un différent type de joueur. « Alex a plus de caractère. Il a 28 ans. Il est passionné. Il pose plus de questions. On lui dit et on l’explique. Après, on peut débattre. »
L’enjeu pour l’attaquant ? « Le coaching et les systèmes de jeu m’intéressent beaucoup. Quand je comprends, j’exécute mieux sur la glace », répond Belzile.
Bouchard réplique : « Ce n’est pas un tour de magie, monter dans la LNH. Il faut toujours s’améliorer, écouter les consignes et accomplir ses tâches chaque jour. Alex n’est pas parfait. Je dois le ramener à l’ordre comme n’importe qui. Mais dans ses qualités, il comprend qu’il peut faire des erreurs. Il les corrige. Et il ne peut surtout pas se permettre de démontrer une mauvaise attitude quant à ses tâches. »
UN SOIR D’AVRIL 2012
Signe du destin, ce n’est pas un hasard si Belzile se retrouve à Laval. Quand il a
vu son nom sur la liste des joueurs disponibles, Bouchard a bondi sur l’occasion. Il se souvenait très bien d’un soir d’avril 2012. Son Armada de Blainville-Boisbriand affrontait l’Océanic de Rimouski de Belzile en quarts de finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Une série poussée à la limite de sept matchs qui a pris un scénario dramatique au duel ultime. Belzile avait brillé avec ses 10 points dans l’affrontement remporté par les Nics.
À leur rencontre, six ans plus tard, les deux hommes ont effleuré le sujet. Bouchard savait toutefois qu’il avait déniché un attaquant doté d’un grand talent et d’un flair particuliers.
« On fait notre propre destin avec nos actions, notre comportement et nos réactions dans certaines situations, croit Belzile. On dicte ainsi la voie à prendre. Peu importe ce qu’on fait, où on le fait, on ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir. C’est important d’être authentique. Cette histoire nous le prouve bien. Mon comportement de l’époque m’a suivi jusqu’ici. »