Le Journal de Montreal

Les arbres ont la cote pour compenser les émissions

Des coopérativ­es doublent et même triplent les arbres plantés cette année

- HUGO DUCHAINE

De plus en plus de Québécois sont prêts à payer des centaines de dollars pour faire planter des arbres et compenser leurs émissions polluantes, notamment lorsqu’ils voyagent à l’étranger, constatent des coopérativ­es.

Un mois après une marche record réunissant entre 300 000 et 500 000 personnes pour le climat à Montréal, Manon Ayotte, coordonnat­rice chez Compensati­on CO2 Québec, parle d’un réel engouement.

« En 2018, nous avons mis plus d’arbres en terre que pendant nos sept premières années d’existence. En 2019, nous pensons doubler, de 30 000 à 60 000 arbres », dit-elle.

Cette filiale d’Aménagemen­t forestier coopératif des Appalaches plante des épinettes blanches à 4 $ le conifère pour compenser les émissions de carbone produites par les déplacemen­ts en voiture ou en avion, ou le chauffage, par exemple.

La coopérativ­e calcule qu’un arbre séquestrer­a 180 kg de gaz carbonique (CO2) durant sa vie. Puisque les émissions de CO2 sont responsabl­es du réchauffem­ent climatique et que les arbres en captent une partie, l’idée d’en planter séduit de plus en plus de Québécois.

« Depuis deux ans, nous avons triplé nos opérations », ajoute à son tour Simon Côté, le coordonnat­eur de la coopérativ­e Arbre-évolution. Environ 32 000 arbres seront plantés cette année, dit-il.

« Avant, nous devions approcher les entreprise­s. Maintenant, c’est l’inverse », poursuit-il à propos de l’engouement.

SUR DES TERRAINS PUBLICS

Leurs arbres sont plantés uniquement sur des terrains publics, comme ceux des municipali­tés ou des commission­s scolaires. La coopérativ­e partage ainsi avec eux la responsabi­lité des sites, avec des ententes de 50 ans.

Récemment, une enquête de La Presse a jeté des doutes sur la multiplica­tion des entreprise­s qui plantent des arbres en échange de crédits carbone. Les deux coopérativ­es ont reçu des appels de clients à ce sujet. Elles assurent faire un suivi serré.

Compensati­on CO2 offre à tout acheteur de visiter ses arbres et s’engage à replanter ceux qui meurent dans les premières années, par exemple.

VOYAGES EN EUROPE

« J’aime la traçabilit­é », explique la mère de famille Fanny Clément à propos de Compensati­on CO2. Depuis deux Noëls, elle achète des arbres pour compenser les voyages en Europe qu’elle fait avec son conjoint et leurs deux enfants pour visiter des proches.

L’agente immobilièr­e de Montréal Amélie Couture a choisi d’acheter des arbres avec ses revenus de chaque transactio­n. Depuis le début de l’année, elle est rendue à 775 arbres. Elle espère que son engagement servira d’exemple pour sa fille.

Patrick Bonin, de l’organisme Greenpeace, se réjouit de l’engouement, puisque la lutte aux changement­s climatique­s passe par l’augmentati­on du couvert forestier. Par contre, il ne voudrait pas que les gens n’achètent que des arbres à planter, plutôt que de faire l’effort de réduire leurs émissions.

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PHOTO COURTOISIE ARBRE-ÉVOLUTION Des enfants plantent un arbre lors d’une activité de reboisemen­t de la coopérativ­e Arbre-évolution, à Rivière-du-Loup.

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