Un ex-itinérant doit 20 000 $ à la Ville
Il a empilé les contraventions alors qu’il était sans-abri
Un ancien itinérant qui tente de se refaire une vie doit aujourd’hui se dépêtrer avec près de 20 000 $ en contraventions qu’il a accumulées pendant ses années dans la rue.
Keven Cardin, un Montréalais dans la trentaine, a réussi à se sortir de la rue il y a plusieurs années, mais il doit toujours cette somme colossale.
Le curé Claude Paradis de l’organisme Notre-Dame de la rue, qui lui a offert un emploi, est en colère contre le système qui rend, selon lui, la réinsertion plus pénible.
Dans ce cas-ci, des montants sont prélevés sur le chèque de paie de Keven Cardin pour rembourser son nombre record de billets d’infraction reçus en seulement quatre ans.
Il a été mis à l’amende notamment parce qu’il a dormi sur des trottoirs et dans des parcs.
Le dernier relevé auprès de la Cour municipale de Montréal fait état d’une somme de 19 913,60 $ pour des contraventions impayées et de 1268 $ pour son permis de conduire suspendu.
Pour dénoncer ce phénomène, le curé
Paradis, qui tente depuis des années d’aider les personnes marginalisées, a communiqué avec l’émission JE via la boîte vocale réservée au public.
« Moi, ça me fait réagir très fortement. Il me racontait qu’il se levait parfois le matin avec des contraventions dans ses poches et il en avait trois, quatre par jour alors qu’il était allongé sur un trottoir », a expliqué le curé Claude Paradis.
Si les itinérants représentent moins de 1 % de la population, ils reçoivent parfois jusqu’à 30 % des constats pour infraction municipale, selon des données des organismes de défense.
« BRISER CE PHÉNOMÈNE »
Au cabinet de la ministre de la Justice, Sonia LeBel, on affirme « vouloir briser le phénomène des portes tournantes », le cercle vicieux dans lequel sont prises des personnes en situation d’itinérance, avec des problèmes de santé mentale ou encore de toxicomanie. L’idée, c’est de leur offrir des options pour qu’ils puissent s’en sortir.
« Nous étudions en ce moment le projet de loi 32 en commission parlementaire. Parmi les changements proposés, plusieurs mesures contribueront à la mise en place de programmes pour adapter le
système judiciaire aux personnes itinérantes, qui sont souvent surreprésentées dans le système de justice », a mentionné la ministre de la Justice.
En 2008, le Barreau du Québec a déjà recommandé aux municipalités de cesser de donner des contraventions aux itinérants et d’annuler celles qu’ils n’ont pas payées.