Des rapaces qui font une fortune
Il utilisait des femmes âgées de 15 à 22 ans
Un proxénète sans scrupules qui a piégé neuf jeunes femmes, dont sept mineures, afin de satisfaire ses désirs sexuels a pris hier le chemin du pénitencier, où il devra résider pendant 15 ans.
« Il entraînait ses proies dans un lieu qui leur était inconnu… Au nombre de victimes, son entreprise était d’une envergure importante », a lancé la juge Mylène Grégroire juste avant de condamner Luis Fernando Vera Camacho, hier au palais de justice de Montréal.
Assis dans la salle d’audience, le proxénète de 36 ans n’a pas bronché quand la magistrate a relaté son modus operandi afin de s’en prendre à des jeunes femmes âgées de 15 à 22 ans.
Vera Camacho a commencé sa série de crimes en 2014, en mettant en ligne une petite annonce d’offres d’emploi de réceptionniste ou de masseuse. Il demandait des photos et se proposait d’aller chercher la « candidate » dans son VUS pour l’emmener à l’entrevue.
Il conduisait jusqu’à un salon de massage, rue Jean-Talon à Montréal. Prétextant ensuite une « formation », il demandait à ses victimes de se déshabiller, pour finalement les agresser sexuellement. Il essayait ensuite de les recruter comme escortes.
« Des trois victimes qui se sont prostituées [par la suite], deux étaient mineures », a dit la magistrate, soulignant la manipulation psychologique qu’exerçait Vera Camacho sur les jeunes femmes.
Pour la Couronne, le proxénète méritait 36 ans de détention. Mais en vertu des règles empêchant une peine globale démesurée, elle n’a eu d’autre choix que de proposer 15 ans d’incarcération. La défense en suggérait cinq.
La juge s’est ainsi ralliée à la poursuite, en rappelant l’importance de dissuader quiconque de commettre ces crimes, mais aussi en raison des graves conséquences que les actes ont eues sur les victimes.
« Les répercussions sont nombreuses, lourdes et dramatiques, a-t-elle dit. [Une des victimes] voulait devenir ambulancière pour aider les gens ; maintenant, c’est elle qui a besoin d’aide. »
COURAGE
Mais elle a du même coup souligné leur courage d’avoir dénoncé Vera Camacho, qui est maintenant hors d’état de nuire.
« Elles ont permis de mettre fin à ces abus », a rappelé la magistrate.
Vera Camacho, de son côté, s’était longuement excusé pour ses crimes, mettant en partie la faute sur une enfance difficile. Il avait exprimé ses remords, tout en disant qu’il n’avait pas imaginé les répercussions qu’allaient avoir ses actes.
Mais même s’il dit « avoir appris » des événements et qu’il a amorcé des thérapies, cela ne lui a pas permis d’éviter une longue sentence. Et une fois qu’elle sera purgée, il devra respecter une série de conditions limitant ses interactions avec des mineurs, pour une durée de cinq ans.