Le Journal de Montreal

Vers un choc Canelo-Lemieux ?

- JEAN-CHARLES jean-charles.lajoie@ tva.ca

Même s’il a subi la défaite, Sergei Kovalev m’a impression­né dans la nuit de dimanche. Avec seulement sept semaines de préparatio­n, tomber aussi tard qu’au 11e assaut contre un des meilleurs boxeurs livre pour livre témoigne de la résilience du vétéran russe. Heureuseme­nt toutefois, Canelo Alvarez a arrêté « Krusher », car on s’acheminait tout droit vers une autre décision qui aurait laissé perplexe une majorité d’observateu­rs. Nous y reviendron­s…

Alvarez n’est pas très flamboyant. Son style cabine téléphoniq­ue et son ADN mexicain font qu’il avance sur le ring poings hauts en encaissant patiemment. Il aime livrer des guerres, travailler à attendrir le corps de ses adversaire­s avec puissance et précision. Il ne danse pas, il sautille en hochant la tête. Il est tout sauf gracieux. Impassible, c’est le lapin Energizer version roux et culottes courtes.

Autrement dit, il est l’idole de son peuple, mais pas nécessaire­ment celui de la majorité des amateurs de boxe non hispanopho­nes. Ce qui lui confère quand même un bassin de près de 300 millions de supporters dans les Amériques.

PROFESSION­NEL À 15 ANS

Canelo est l’enfant chéri de Guadalajar­a, un symbole de résilience et de liberté pour la communauté mexicaine des deux côtés du mur de Trump.

Passé pro à seulement 15 ans et auteur de 53 victoires en 56 combats, la seule défaite d’Alvarez nous force à l’inclinaiso­n en respect devant Floyd « Money » Mayweather, qui avait obtenu une décision majoritair­e à ses dépens en 2014.

Revenons au combat face à Kovalev. La bouchée était grande pour Alvarez. Lui, un pugiliste de 160 livres naturel, il lui fallait une judicieuse sélection d’adversaire deux catégories plus haut chez les mi-lourds. Le diable est dans les détails. Il fallait un gars en déclin.

Il fallait l’appâter avec une excellente bourse afin qu’il accepte le défi à court avis, le laissant avec une préparatio­n déficiente. L’adversaire devait en outre être unidimensi­onnel. Autrement dit, Kovalev avait le profil parfait pour permettre à Canelo d’égaler Henry Armstrong, seul boxeur à avoir simultaném­ent détenu trois ceintures dans trois catégories de poids.

LÉGENDE GRANDISSAN­TE

Ainsi, la légende Saul Alvarez continue de prendre de l’ampleur, en même temps que DAZN capitalise sur l’investisse­ment de 365 millions $ US consenti pour 11 combats au clan Canelo.

Pour la suite, il serait renversant que Canelo ne mette en jeu une seule fois le titre WBO qu’il a arraché à Kovalev. À moins d’une unificatio­n avec Jean Pascal, seule option viable pour lui à 175 livres. Car aussi bon et déterminé soitil, Alvarez aurait beaucoup de mal à tenir devant Artur Berterbiev ou Dmitry Bivol.

Les chances que Canelo redescende d’au moins une catégorie de poids pour la suite sont fortes. Cela ouvre toute grande la porte à un combat face à David Lemieux.

David va se battre à 168 livres en finale de la carte du 7 décembre au Centre Bell. C’est d’ailleurs à 168 livres que David eut dû se battre depuis longtemps.

Avec un K.-O. rapide et convaincan­t, Lemieux deviendrai­t alléchant pour Alvarez. Il pourrait ainsi se retrouver dans un combat multimilli­onnaire.

Quant à ses perspectiv­es de victoire, j’adore David, donc je vais m’arrêter ici.

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