Québec a crée un monopole du recyclage de réfrigérateurs
Les Québécois finiront par payer de leur poche avec ce nouveau règlement
Québec se défend d’avoir créé un monopole avec son règlement sur la récupération des électroménagers, bien qu’il n’existe qu’une compagnie capable de recycler pratiquement toutes composantes d’un réfrigérateur.
L’entreprise PureSphera de Bécancour est effectivement la seule en Amérique du Nord à détenir les brevets d’une technologie capable de recycler la mousse isolante des réfrigérateurs contenant des halocarbures, qui est un gaz à effet de serre (GES).
Même si quelques entreprises recyclent d’autres parties de l’appareil, le traitement de la mousse est déterminant pour diminuer les émissions de GES.
« Il y a cinq fois plus d’halocarbures dans la mousse isolante que dans le circuit de réfrigération », précise Mathieu Filion, directeur de l’exploitation chez PureSphera.
L’entreprise du Centre-du-Québec était menacée de fermeture, faute d’avoir suffisamment d’appareils à recycler, mais son avenir devrait maintenant être assuré avec le règlement du ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
À compter du 5 décembre 2020, ce règlement obligera les producteurs à mettre sur pied un système de récupération et de recyclage des électroménagers domestiques.
PAS DE BAISSE DE PRIX
Si le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) se dit favorable au recyclage d’électroménagers, il déplore que le règlement « force » tous les commerçants à faire affaire avec un seul fournisseur, PureSphera.
« L’absence de concurrence va faire en sorte que les coûts de recyclage ne pourront pas baisser », explique Jean-François Belleau, directeur des relations gouvernementales pour le CCCD.
« On est en situation de monopole, c’est
un peu ça qui nous inquiète », ajoute-t-il.
Le ministre Charette refuse de parler de monopole, mais plutôt « d’un avantage » pour une compagnie qui a, « de loin », développé une « expertise très poussée ».
« Si les autres entreprises souhaitaient mettre de l’avant d’autres technologies, elles auraient le loisir de le faire », a-t-il affirmé à QUB radio.
M. Filion précise qu’il existe différentes technologies en Europe pour traiter les mousses.
« À chacun de développer le marché et le projet va forcer tout le monde à adopter de hauts standards de recyclage, dit-il. Si d’autres veulent investir, ce sera un libre marché et ce sera bienvenu pour régulariser les prix à l’avenir. »
Le ministre Charette prévoit une enveloppe de 90 millions $ sur 10 ans pour aider les producteurs à mettre en place ce système. Cela évite que les consommateurs ne paient des écofrais de 70 $, a estimé le politicien.
Or, certains détaillants ont déjà affirmé que le coût pour la collecte, le transport et la récupération des appareils s’estimait plutôt entre 100 et 125 $.
De plus, les 90 M$ sont une aide dégressive. « La première année [le financement] couvre 100 % et tranquillement le montant diminuerait, et serait transféré vers les consommateurs », explique M. Belleau.
« Éventuellement, le consommateur devra mettre la main dans sa poche », précise-t-il.