Merci et à l’an prochain
Les Alouettes s’inclinent en demi-finale de l’Est
« Allez-vous nous écrire une belle chronique demain ? » m’a-t-il demandé.
« Ça va dépendre du résultat du match », lui ai-je répondu.
« Que les Alouettes gagnent ou qu’ils perdent, ce n’est pas grave, a dit notre amateur de football. »
« Ce match est un boni. »
« Il ne faudrait quand même pas qu’ils se fassent planter », ai-je rétorqué.
« Non, c’est vrai », a convenu notre homme avant de continuer son chemin vers son siège.
AMATEURS RECONNAISSANTS
Les Alouettes ne se sont pas fait écraser à proprement dire. Une défaite par un écart de huit points n’est pas honteuse.
Les spectateurs n’étaient pas trop déçus. Ils étaient plusieurs à partager l’avis de notre ami rencontré avant le match.
L’un d’entre eux brandissait une pancarte sur laquelle il était écrit : « Merci Als, thank you guys! » qu’il montrait aux joueurs à leur entrée au vestiaire. D’autres les remerciaient de vive voix.
Invité à transmettre un message à la foule, Hénoc Muamba a lancé au micro : « Merci de votre appui ! Nous allons revenir plus fort l’an prochain. »
FORTS DANS L’ADVERSITÉ
Les gens étaient satisfaits d’une saison respectable qu’ils n’avaient pas vu venir en raison des nombreux événements qui secouaient l’organisation.
Sans propriétaires depuis le départ en douce des Wetenhall, les Alouettes se sont retrouvés sous la tutelle de la Ligue canadienne. Puis, à moins d’une semaine du début de la campagne, ils ont coupé les ponts avec leur Mike Sherman, qui n’avait plus l’enthousiasme pour être entraîneur-chef.
Comme les Wentenhall, il est parti sans dire bonjour.
On n’était pas au bout de nos surprises. Kavis Reed a été congédié à son tour pour avoir contourné des règlements se rapportant au plafond salarial, nous a-t-on expliqué.
Bizarre !
Lui aussi a quitté dans la discrétion la plus totale.
Le personnel d’entraîneurs et les joueurs ne se sont pas laissé déranger par ces distractions. Ils se sont serré les coudes pour former une équipe que rien n’ébranlait. Ils nous ont donné une saison au-delà des espérances.
UN CHOC TERRIBLE
Mais la défaite fait toujours mal, peu importe les circonstances. Ça se voyait dans le vestiaire. Les joueurs s’entrelaçaient longuement.
Martin Bédard à qui j’avais parlé sur le terrain pleurait à chaudes larmes. Kristian Matte a craqué en pleine entrevue.
« J’étais correct tantôt, mais là, c’est en train de me frapper », a-t-il dit.
Le spécialiste des longues remises a alors pris une pause pour refouler ses émotions.
« Ce n’était pas toujours facile de rentrer au travail au cours des dernières années », a-t-il raconté.
« Mais cette année, une belle unité régnait dans l’équipe. On s’amusait, on s’aimait tous. On y a cru dès le début de la saison. »
L’équipe a perdu ses deux premiers matchs, dont le deuxième par une marge de 31 points à Hamilton. Elle a rebondi la semaine suivante en battant ces mêmes Tiger-Cats à Montréal avant de remporter deux autres victoires pour une série de trois triomphes consécutifs, chose que l’on n’avait pas vue depuis des lustres.
Cette séquence a été suivie par deux défaites d’affilée. Puis, un samedi soir du mois d’août à Calgary, ils ont remonté les détenteurs de la coupe Grey pour filer vers une victoire de 40 à 34.
Ce triomphe a produit un grand effet sur les Alouettes. Un mois plus tard, ils effaçaient un déficit de 25 points contre les Blue Bombers de Winnipeg pour l’emporter 38 à 37. Il se passait de belles choses dans le petit stade sur la Montagne.
L’HOMME DE LA SITUATION
Pour Matte, l’homme derrière cette transformation est Khari Jones.
« Ce gars-là a quelque chose de spécial, a-t-il continué.
“Il planifie bien ses jeux. On a toujours une chance de gagner.”
Matte n’a pas hésité une seconde quand on lui a demandé s’il souhaite le retour de Jones l’an prochain. “Absolument !”, a-t-il répondu. Le retour des Alouettes est complété aux deux tiers. Ils ont trouvé un quart numéro un en Vernon Adams et un entraîneur-chef qui connaît le football canadien en Jones.
Ne reste plus qu’à trouver des propriétaires.