Le Journal de Montreal

Nombre record de cas de maladie de Lyme

Le Québec connaît sa pire année avec 371 cas déclarés depuis le début de 2019 après un recul l’an dernier

- HUGO DUCHAINE

La maladie de Lyme continue de gagner du terrain au Québec, alors qu’un nombre record de 371 cas ont été déclarés jusqu’à maintenant cette année.

Après un recul en 2018, les cas de maladie de Lyme atteignent un sommet cette année, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux. Parmi les 371 cas déclarés, 139 proviennen­t de l’Estrie, la région la plus touchée.

La Montérégie, Montréal et l’Outaouais suivent ensuite. Près d’une centaine de Québécois ont quant à eux contracté l’infection à l’extérieur de la province.

Depuis 2014, le nombre de cas recensés chaque année de la maladie de Lyme a presque triplé.

S’ATTENDRE À PLUS

Et il faut s’attendre à ce que cela augmente d’année en année, prévient la conseillèr­e scientifiq­ue de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Marion Ripoche.

La maladie de Lyme est causée par la bactérie Borrelia burgdorfer­i, qui se transmet par la piqûre d’une tique infectée. Une seule espèce peut donner la maladie, soit la tique à pattes noires.

« On s’attend à une progressio­n de l’aire de répartitio­n des tiques sur le territoire québécois et dans les zones où il y a déjà des tiques, on estime qu’il y aura une augmentati­on de l’abondance », soutient l’experte.

Plusieurs facteurs l’expliquent, dit-elle, notamment le réchauffem­ent climatique qui profite à ces acariens, mais aussi à leurs hôtes, dont elles boivent le sang.

MALADIE ÉMERGENTE

C’est la souris à pattes blanches qui est porteuse de la bactérie pouvant causer la maladie de Lyme. Les tiques attrapent ainsi cette bactérie des rongeurs et la transmette­nt aux humains malchanceu­x qu’elles piquent ensuite.

« C’est une maladie émergente, et ça fait peur », reconnaît la professeur­e de biologie à l’Université Bishop’s, Jade Savage.

Elle a justement développé la plateforme web « eTick.ca » afin de répondre aux préoccupat­ions des gens et suivre les population­s de ces parasites.

Cette année, près de 1500 tiques ont été identifiée­s grâce à la plateforme.

Toute personne qui trouve une tique sur elle ou un animal de compagnie, par exemple, peut soumettre une photo sur le site web et reçoit une réponse en moins de 24 heures.

La personne peut ainsi savoir rapidement si l’espèce trouvée est potentiell­ement porteuse de la bactérie causant la maladie de Lyme et quelles démarches entreprend­re pour s’en prémunir.

Mme Savage déplore que plusieurs renseignem­ents conflictue­ls circulent sur le web.

1 SUR 5 INFECTÉE

« Les gens ont eu l’impression qu’ils manquaient d’informatio­ns », dit-elle, ajoutant que les profession­nels de la santé sont davantage sensibilis­és aux risques aujourd’hui.

Marion Ripoche de l’INSPQ souligne que c’est un peu moins d’une tique à pattes noires sur cinq qui est infectée. Et si elle est retirée rapidement, l esc hances de contracter la maladie sont énormément réduites.

Pour éviter la morsure d’une tique, elle rappelle aux amateurs de plein air de porter des vêtements qui couvrent la peau et de couleur pâle, pour voir ces parasites.

Mieux vaut aussi éviter de marcher dans les herbes hautes et les feuilles mortes.

Les symptômes de la maladie de Lyme surviennen­t quant à eux quelques jours après une piqûre. Le plus courant est une rougeur sur la peau, qui s’agrandit rapidement. Elle peut aussi s’accompagne­r de fièvre, fatigue et maux de tête.

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Professeur en biologie
JADE SAVAGE Professeur en biologie

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