Le Journal de Montreal

En cour pour une pancarte qui dénigre les cyclistes

Le propriétai­re refuse de l’enlever alors que la Ville de Saint-Philippe le lui ordonne

- ANTOINE LACROIX

SAINT-PHILIPPE | Une ville de la Montérégie est engagée dans un bras de fer devant les tribunaux avec un commerçant qui refuse depuis plusieurs années de retirer une pancarte jugée dénigrante envers les cyclistes.

« Je trouve ça abusif et je me sens brimé dans ma liberté d’expression. S’il faut aller se battre, je vais me rendre jusqu’en Cour suprême pour la garder », tempête Sylvain Rathé, propriétai­re du commerce Le Marché, à Saint-Philippe.

Au coeur du conflit qui dure depuis l’été 2016 : une affiche qui affirme que le quotient intellectu­el d’un « troupeau de cinq cyclistes et plus » est très inférieur à celui d’un troupeau de vaches. Il ajoute une série de règlements à respecter, comme de ne pas uriner ou déféquer dans le stationnem­ent.

« J’avais plein de problémati­ques avec des cyclistes à ce moment, ils ne respectaie­nt pas ma propriété. On dirait que plus ils sont nombreux, moins ils réfléchiss­ent. Depuis que je l’ai installée, ç’a réglé le tout de 80 à 85 %. La plupart des gens trouvent la pancarte drôle, c’est sous le ton de l’humour. J’ai voulu frapper l’imaginaire », soutient M. Rathé.

Appelé à réagir, Vélo Québec a dénoncé le message transmis par le commerçant.

« C’est la première fois que je vois une pancarte aussi antipathiq­ue et dénigrante envers les cyclistes. Ce n’est pas drôle du tout, c’est ridicule », a soupiré Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de l’organisme.

CONSTATS D’INFRACTION­S

La Ville de Saint-Philippe n’entend pas à rire devant cette pancarte. La municipali­té a remis plusieurs constats d’infraction­s au commerçant, lui reprochant de ne pas respecter plusieurs règlements en matière d’affichage.

« Toute enseigne dont la forme, le graphisme ou le texte peuvent porter atteinte à la condition sociale est prohibée », fait valoir une lettre de la Ville qui remonte à 2016, où on somme Sylvain Rathé de retirer l’écriteau de l’espace public.

Devant son refus de se conformer, deux autres avis d’infraction­s lui ont été signifiés à l’été 2018, assortis de 544 $ d’amendes. À nouveau, on lui exige de retirer son enseigne.

CONTESTATI­ON

Or, Sylvain Rathé a décidé de contester les constats devant les tribunaux, ce qui veut dire qu’un juge devra trancher sur la validité de la pancarte et si elle respecte les règlements municipaux.

Après plus d’un an de délai avant d’obtenir une date pour procéder, une première audience a eu lieu le 21 octobre dernier à la cour municipale de La Prairie. Le dossier a toutefois été reporté en novembre.

« Vraiment pas certain que les citoyens de Saint-Philippe sont prêts à payer avec leurs taxes pour une pancarte comme ça, alors que la majorité des clients me supportent. Je pense que nous avons de bons éléments pour prouver que le règlement est très imprécis », conclut M. Rathé.

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PHOTOS ANTOINE LACROIX Le propriétai­re du commerce Le Marché, à Saint-Philippe, en Montérégie, refuse de retirer la pancarte ci-contre, où il affirme que le quotient intellectu­el d’un « troupeau de cinq cyclistes et plus » est très inférieur à celui d’un troupeau de vaches.
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