Le Journal de Montreal

Des banlieusar­ds pour sauver les commerces

- ELSA ISKANDER

Pour assurer la survie des commerces montréalai­s, il faut trouver des façons d’y attirer les consommate­urs des banlieues, en plus de les soutenir dans le virage numérique, selon un expert.

Les solutions à court terme, comme des compensati­ons de la Ville pour pallier les pertes subies lors de chantiers de constructi­on majeurs, ne suffiront pas, a prévenu Rémy Trudel, professeur invité à l’École nationale d’administra­tion publique.

« Il y a un très grand nombre de commerces qui n’ont pas les fonds pour faire la transforma­tion vers le numérique », a-t-il relevé en guise d’exemple. En plus d’être connectés, les consommate­urs « sont largement en banlieue maintenant », a-t-il ajouté.

Selon M. Trudel, il faut rejoindre les consommate­urs de villes comme Laval, Longueuil et d’autres municipali­tés des couronnes, dont plusieurs « sont dans la Ville de Montréal de 8 h à 18 h ».

« La Ville doit assumer un leadership supérieur en ce qui concerne les relations avec les population­s des banlieues », a insisté l’ancien ministre québécois des Affaires municipale­s.

AUTOS ET STATIONNEM­ENT

L’été dernier, un plan d’action pour revitalise­r la rue Saint-Denis misait notamment sur des voies cyclables pour augmenter l’achalandag­e.

Miser sur le transport actif ou collectif n’est pas une stratégie gagnante pour attirer les banlieusar­ds, a fait remarquer M. Trudel. L’idée n’est pas de réhabilite­r l’auto comme étant « la reine du développem­ent », mais il lui semble illusoire de penser qu’en fin de journée, des banlieusar­ds se rendront magasiner sur l’île en transport collectif.

VIRAGE LOCAL

Avec le développem­ent des banlieues, de légendaire­s rues comme Saint-Denis, Saint-Laurent ou Mont-Royal sont d’ailleurs devenues des artères commercial­es plus locales, a fait remarquer Jean-Philippe Meloche, professeur à la Faculté de l’aménagemen­t de l’Université de Montréal. « Aujourd’hui, le rayon d’attraction de ces artères a diminué parce qu’il s’est créé des commerces similaires un peu partout », incluant hors de l’île.

« C’est compliqué si on habite en banlieue, d’aller magasiner sur Le Plateau-Mont-Royal ou au centre-ville. C’est compliqué pour le déplacemen­t, ça coûte cher stationner une voiture, et ce n’est pas parce que l’économie va mal », a-t-il observé.

Les locaux commerciau­x vacants devraient plutôt trouver une vocation résidentie­lle, à son avis, faisant ainsi d’une pierre deux coups, considéran­t les besoins en logement sur l’île.

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Professeur
RÉMY TRUDEL Professeur

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