Le Journal de Montreal

Il faut aider nos aînés les plus pauvres dans les CHSLD

- DANIEL GERMAIN daniel.germain@quebecorme­dia.com

Les histoires d’argent qui impliquent des personnes âgées ordinaires viennent me chercher. À la retraite, on n’a pas la capacité de se refaire. Au moindre pépin, on s’appauvrit.

D’où mon indignatio­n quand je suis tombé sur un reportage impliquant une dame qui, loin de rouler sur l’or, se voyait obligée de payer une partie des frais de CHSLD de son mari. Il s’agit d’un cas qui, une nouvelle fois, vient mettre en lumière tout le retard qui caractéris­e le système de financemen­t des CHSLD, particuliè­rement la part assumée par les bénéficiai­res.

Résumons. Le mari doit être placé après l’apparition de premiers signes de démence, mais ses revenus ne suffisent pas à payer sa place en CHSLD. Son épouse doit combler la différence, plus de 400 $ par mois, en puisant dans son modeste coussin. Le couple touche le Supplément de revenu garanti (SRG), une prestation du gouverneme­nt fédéral destinée aux retraités à faible revenu.

Le vieil homme n’a donc pas les moyens d’assumer le plein prix de son hébergemen­t, sa femme non plus. Le coût mensuel d’une chambre individuel­le s’élève à 1900 $, celui d’une chambre à deux, à près de 1600 $. Pour 1190 $, on a droit à une place dans une chambre de trois lits ou plus.

UN PROGRAMME DÉCALÉ

Il existe pourtant un programme administré par la RAMQ qui permet aux bénéficiai­res à faible revenu de payer en fonction de leurs moyens. Le problème, ce sont les critères pour se qualifier à cette exonératio­n. Si un couple marié détient plus de 2500 $ dans un compte ou 40 000 $ de valeur immobilièr­e, le programme leur est fermé. Allo ?! Ces plafonds datent de 1983 !

Pour donner une idée du caractère dépassé de ce programme, seuls les gens mariés sont tenus à la solidarité. Autrement dit, si le couple dont on parle était constitué de conjoints de fait, l’épargne de la femme, un petit

FERR de rien du tout, n’aurait pas été prise en compte par les fonctionna­ires de la RAMQ.

Alors, faut-il divorcer pour ne pas s’appauvrir ?

Comme ce programme pénalise particuliè­rement les couples mariés ou unis par contrat d’union civile, on conclut que, dans certains cas, la manière la plus simple de s’y qualifier serait d’inclure un divorce dans sa planificat­ion financière puis de rester accotés, le temps de devenir conjoints de fait et de conserver les droits sur les rentes du conjoint survivant.

Évidemment, ça n’a pas d’allure. On ne divorce pas après 50 ans de mariage pour 400 $ par mois.

LES ACTIFS

Alors, faut-il donner ses actifs à ses enfants ?

C’est ce que font des couples âgés en prévision de leur entrée en CHSLD. Ils refilent le fruit de la vente de la maison à leurs enfants. Ils vident leurs comptes enregistré­s pour donner leur argent de leur vivant. Ce sont là des manoeuvres dangereuse­s.

Rien ne dit que les enfants ne laisseront pas poireauter leurs parents en CHSLD, sans apporter le soutien financier qui aurait pu être convenu au moment du transfert d’actifs. Aussi, si l’opération n’est pas réalisée suffisamme­nt à l’avance, la RAMQ comprendra le but de la manoeuvre et exigera le gros prix quand même.

Mais il y a un truc dont on n’a pas parlé.

Cela s’appelle la « séparation involontai­re ». C’est ce qu’aurait dû demander le couple, dans le reportage en question. Cela fait en sorte que chacun des conjoints est considéré individuel­lement dans le calcul du SRG, ce qui fait augmenter les montants des prestation­s. La procédure leur permet aussi de se qualifier pour d’autres mesures sociales.

Cette possibilit­é est méconnue, elle peut faire une énorme différence sur les finances sans affecter le statut matrimonia­l.

Pour demander la « séparation involontai­re », il faut démontrer que l’un des conjoints n’avait pas le choix d’aller vivre en CHSLD. Il faut faire la demande à Services Canada, par l’intermédia­ire d’un CLSC.

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