Refonte complète en vue pour le Programme des immigrants investisseurs
Pendant que tous les yeux sont rivés vers l’impopulaire réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), le gouvernement Legault prépare une « refonte complète » du Programme des immigrants investisseurs du Québec (PIIQ), a appris
Le Journal.
Ce controversé programme provincial permet chaque année à 1900 millionnaires et milliardaires d’obtenir leur certificat de sélection, première étape vers la résidence permanente, en échange d’un prêt de 1,2 million pendant cinq ans à Investissement Québec (IQ).
Or, le ministre Simon Jolin-Barrette a décidé que celui-ci serait suspendu jusqu’en août 2020.
« Nous croyons que ce programme peut bénéficier au Québec, mais une réforme majeure s’impose », a indiqué l’attachée de presse Élisabeth Gosselin.
Ce faisant, le gouvernement renonce à 2,28 milliards en prêts sans intérêt de la part d’étrangers, pour la plupart Chinois. Québec finance, grâce à ces sommes, divers programmes d’aide aux entreprises et à l’intégration des immigrants.
FAIBLE TAUX DE RÉTENTION
La CAQ se dit préoccupée par les « nombreuses problématiques soulevées notamment dans certains reportages ».
Le programme est fréquemment critiqué. Parmi les 58 000 participants au programme entre 1991 et 2016, seulement 6050 vivaient au Québec l’an dernier, démontrent des données obtenues par
Le Journal au printemps. Quelque 80 % d’entre eux, soit 46 000 immigrants investisseurs et leurs familles, ont plutôt élu domicile à Vancouver ou Toronto, où leur présence a mené à l’explosion des coûts de l’immobilier.
« En effet, plusieurs éléments entourant l’intégrité du programme, les enjeux de fonctionnement du programme ainsi que le faible taux de rétention des personnes immigrantes sélectionnées via ce programme sont problématiques », dit Mme Gosselin.
Avocat spécialisé en immigration, Richard Kurland salue ce moratoire.
« Il y a déjà un important surplus de dossiers, et des délais qui dépassent les trois ans. Il faut rendre le processus plus efficace avant d’en admettre d’autres », dit-il.
Professeur d’urbanisme à l’Université Simon-Fraser de Vancouver, Andy Yan se réjouit aussi de la décision.
« On dirait que le gouvernement a enfin commencé à comprendre les retombées néfastes réelles de ce programme sur le Québec et le Canada. »