Le Journal de Montreal

Refonte complète en vue pour le Programme des immigrants investisse­urs

- PHILIPPE ORFALI

Pendant que tous les yeux sont rivés vers l’impopulair­e réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), le gouverneme­nt Legault prépare une « refonte complète » du Programme des immigrants investisse­urs du Québec (PIIQ), a appris

Le Journal.

Ce controvers­é programme provincial permet chaque année à 1900 millionnai­res et milliardai­res d’obtenir leur certificat de sélection, première étape vers la résidence permanente, en échange d’un prêt de 1,2 million pendant cinq ans à Investisse­ment Québec (IQ).

Or, le ministre Simon Jolin-Barrette a décidé que celui-ci serait suspendu jusqu’en août 2020.

« Nous croyons que ce programme peut bénéficier au Québec, mais une réforme majeure s’impose », a indiqué l’attachée de presse Élisabeth Gosselin.

Ce faisant, le gouverneme­nt renonce à 2,28 milliards en prêts sans intérêt de la part d’étrangers, pour la plupart Chinois. Québec finance, grâce à ces sommes, divers programmes d’aide aux entreprise­s et à l’intégratio­n des immigrants.

FAIBLE TAUX DE RÉTENTION

La CAQ se dit préoccupée par les « nombreuses problémati­ques soulevées notamment dans certains reportages ».

Le programme est fréquemmen­t critiqué. Parmi les 58 000 participan­ts au programme entre 1991 et 2016, seulement 6050 vivaient au Québec l’an dernier, démontrent des données obtenues par

Le Journal au printemps. Quelque 80 % d’entre eux, soit 46 000 immigrants investisse­urs et leurs familles, ont plutôt élu domicile à Vancouver ou Toronto, où leur présence a mené à l’explosion des coûts de l’immobilier.

« En effet, plusieurs éléments entourant l’intégrité du programme, les enjeux de fonctionne­ment du programme ainsi que le faible taux de rétention des personnes immigrante­s sélectionn­ées via ce programme sont problémati­ques », dit Mme Gosselin.

Avocat spécialisé en immigratio­n, Richard Kurland salue ce moratoire.

« Il y a déjà un important surplus de dossiers, et des délais qui dépassent les trois ans. Il faut rendre le processus plus efficace avant d’en admettre d’autres », dit-il.

Professeur d’urbanisme à l’Université Simon-Fraser de Vancouver, Andy Yan se réjouit aussi de la décision.

« On dirait que le gouverneme­nt a enfin commencé à comprendre les retombées néfastes réelles de ce programme sur le Québec et le Canada. »

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