Le Journal de Montreal

Des gestionnai­res étrangers aident la Caisse

L’institutio­n confie de plus en plus d’argent des Québécois à des fonds externes parfois controvers­és

- SYLVAIN LAROCQUE

La Caisse de dépôt et placement dépend de plus en plus de fonds externes. En quatre ans, les sommes qu’elle leur a confiées sont passées de 18 à 40 milliards $.

Dans la plus récente liste des investisse­ments de la Caisse, en date du 31 décembre 2018, Le Journal a dénombré des placements dans 334 fonds différents, dont 295 ne sont pas établis au Québec. Quatre ans plus tôt, on comptait 281 fonds, dont 255 de l’extérieur du Québec.

Il s’agit notamment de fonds de placement privés, de fonds immobilier­s, de fonds d’obligation­s et de fonds de couverture. Ils portent souvent des noms ésotérique­s comme « Apollo Credit Opportunit­y Fund (Offshore) III LP » ou « CTA QN5 Fund LP ». Il est difficile, voire impossible, de savoir dans quoi investisse­nt ces fonds opaques, qui sont souvent constitués dans des paradis fiscaux comme les îles Caïmans ou les Bermudes.

La Caisse soutient que le nombre total de fonds est plutôt de 289, soit huit de moins qu’en 2014. C’est tout de même davantage que les 240 fonds dans lesquels est présent l’Office d’investisse­ment du Régime de pensions du Canada (OIRPC), dont l’actif total est pourtant plus élevé que celui de la Caisse.

Contrairem­ent à l’OIRPC, la Caisse ne divulgue pas la valeur de ses placements dans des fonds. Mais selon une compilatio­n réalisée par Le Journal à partir de données publiques, la Caisse détenait environ 40 milliards $ dans des fonds à la fin de 2018. C’est 22 milliards $ de plus que quatre ans plus tôt.

GROS RENDEMENTS

Les fonds représente­nt une portion importante du portefeuil­le de « placements privés » de la Caisse, qui génère les meilleurs rendements de l’institutio­n depuis quelques années : 16,6 % en 2018 et 12,3 % sur cinq ans.

Michel Nadeau, un ancien haut dirigeant de la Caisse, voit d’un bon oeil les placements dans des fonds étrangers. L’institutio­n peut ainsi diminuer sa prise de risques en investissa­nt avec des partenaire­s et avoir accès à des actifs qui ne seraient pas à sa portée autrement, résume-t-il.

M. Nadeau est toutefois plus critique du recours de la Caisse aux fonds de couverture, des véhicules de placement controvers­és.

« Il faut être prudent avec ça », affirme-t-il. De 2014 à 2018, les avoirs de la Caisse dans des fonds de couverture ont bondi de 71 % pour atteindre 7,9 milliards $. C’est près du double de la croissance de l’ensemble du portefeuil­le de l’institutio­n pendant la même période.

Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse, soutient que l’augmentati­on s’explique principale­ment par deux facteurs : de nouveaux investisse­ments dans des fonds « ayant connu une bonne performanc­e » et « une bonne performanc­e cumulative positive ».

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PHOTO D’ARCHIVES Le principal bureau d’affaires de la Caisse situé dans l’édifice Jacques-Parizeau, au centre-ville de Montréal.

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